Category: Drug Law Reform

  • Quel est l’impact de l’ALÉNA sur les politiques sur les drogues?

    Quel est l’impact de l’ALÉNA sur les politiques sur les drogues?

    Qu’est-ce que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a à voir avec les politiques sur les drogues? À première vue, ces deux sujets ne semblent pas reliés. Mais tandis que la Caravane pour la paix poursuit sa route dans le Sud des États-Unis, nous, au Canada, avons la chance de nous arrêter et de réfléchir à la manière dont nos politiques peuvent vraiment aggraver les effets de la guerre aux drogues sur la frontière mexico-américaine.

    Les accords de libre-échange comme l’ALENA sont vantés comme étant la clé d’une croissance dynamique dans des pays comme le Mexique et le Canada. Mais un mémoire politique duCarnegie Endowment for International Peace suggère que les accords entre partenaires commerciaux n’atteignent pas toujours des buts aussi nobles, ni ne remplacent des approches plus polyvalentes du développement.

    En fait, les réformes du Mexique appuyées par l’ALENA ont été au mieux décevantes. Au pire, ces « réformes » ont contribué à faire du Mexique l’endroit idéal pour la production et le trafic de drogues. Même si les échanges commerciaux se sont certainement accrus, la croissance économique a été lente et la création d’emplois, médiocre. Les gains d’emplois limités dans la fabrication et les services ont été annulés par de nombreuses pertes d’emploi en agriculture. Les augmentations de salaire nécessaires, surtout pour les travailleurs non qualifiés, ne se sont pas concrétisées. Cela signifie que dans les régions rurales, les agriculteurs et les pauvres ont été les moins susceptibles de récolter les avantages des politiques commerciales libéralisées. La pauvreté rurale se chiffre à 55 % globalement et 25 % vivent dans une pauvreté extrême. Et le Mexique demeure l’un des pays de l’hémisphère le plus inégal.

    Alors, nous demandons-nous, que signifie cet appauvrissement continu du secteur agricole et des petits exploitants agricoles pour les politiques de contrôle des drogues? Les petits exploitants agricoles font face à d’incroyables difficultés et vivent dans des conditions de pauvreté, d’exclusion sociale et de négligence du gouvernement. Ces conditions influent sur leur décision de s’impliquer dans le commerce des drogues illicites. En outre, le manque d’autres possibilités économiques, notamment des salaires décents et des emplois de bonne qualité, pousse les gens pauvres vers le commerce comme petits revendeurs ou passeurs de drogue.

    Je ne suggère pas que l’ALENA soit tenu entièrement responsable de la situation actuelle à la frontière mexico-américaine où la violence est couverte à profusion dans les médias. Dans une certaine mesure, cette violence a été précipitée par des activités policières accrues liées aux drogues. Le président mexicain, Felipe Calderón, a déclaré une « guerre aux drogues » dès son entrée en fonction, en décembre 2006. Depuis, il y a eu une recrudescence sans précédent de la criminalité et de la violence dans le pays, plus de 47 000 personnes ayant été tuées violemment dans les 5 dernières années. En 2008, par exemple, la moitié des homicides au Mexique était directement liée au commerce des drogues. Bien que cela puisse sembler contrintuitif pour certains, une revue systématique de la recherche traitant des effets de la répression liée aux drogues sur la violence du marché des drogues a observé que la répression accrue liée aux drogues était associée aux niveaux croissants de la violence du marché des drogues. Bien que la violence soit souvent attribuée aux conflits entre cartels, la police et les militaires ont joué au moins en partie un rôle dans la perpétration de cette violence[1]. En même temps, le financement américain, par l’intermédiaire de l’initiative de Merida, a augmenté l’équipement et la formation fournis aux forces de police du Mexique, et le Mexique a été blâmé pour ses violations des droits de la personne[2].

    Des observateurs comme ceux du Washington Office on Latin America ont aussi fait remarquer que la guerre aux drogues menée par les États-Unis n’a pas réussi à supprimer la production ou le trafic des drogues illicites, alors que des lois sévères sur les drogues ont conduit à des violations des droits de la personne, à des prisons surpeuplées et à des menaces à l’égard des institutions démocratiques. Des milliers de Mexicains ont été tués, sont disparus ou ont été déplacés par suite de la guerre aux drogues. Mais les tentatives de soumettre ces politiques de contrôle des drogues à un examen minutieux sont entravées par des allégations selon lesquelles le marché de la drogue menace la sécurité nationale américaine et les relations commerciales.

    Le récent Sommet des régions, à Cartagena, a révélé la mesure dans laquelle l’Amérique latine est une puissance mondiale croissante. Plusieurs dirigeants de pays d’Amérique centrale et du Sud ont contesté les politiques économiques et de sécurité des É.-U. Et des groupes comme laLatin American Commission on Drugs and Democracy contestent les politiques prohibitionnistes dominées par les É.-U. Les rapports de la Commission réclament que les É.-U. et le Canada examinent leur complicité dans le marché de la drogue à titre de principaux pays consommateurs de drogues.

    Le Canada a reconnu que les Amériques sont d’importants partenaires dans les relations hémisphériques. Nous avons désigné l’Amérique latine comme étant une priorité de la politique étrangère, en 2007. Mais jusqu’ici, les mesures que nous avons prises ont été étroitement axées sur les échanges commerciaux et la sécurisation de la région. La sécurisation, notamment le maintien de l’ordre accru, la surveillance des frontières, la militarisation de la société civile, et la suppression de la dissidence est au cœur des stratégies de la guerre aux drogues.

    Une brève visite au site Web des Affaires étrangères et Commerce international Canada offrira aux lecteurs des liens à des communiqués de presse au sujet de l’aide du Canada à l’Amérique latine pour soutenir les mesures de sécurité. Le Canada, par ses programmes d’aide, est partenaire à part entière des programmes prohibitionnistes mondiaux de contrôle des drogues. Encore une fois, je ne suggère pas que nous abandonnions les efforts pour assurer la sécurité publique, mais je m’inquiète de ce que le Canada ait choisi de restreindre son champ d’action à la sécurité et aux accords de libre-échange, aux dépens d’approches plus polyvalentes et socialement justes qui favorisent le développement et l’inclusion sociale. Je ne suis pas le seul. Le Groupe d’orientation politique pour les Amériques du Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI) a soulevé certaines de ces préoccupations.

    Le CCCI invite les décideurs canadiens à réaligner leurs priorités politiques, pour des pays comme le Mexique, sur une stratégie axée sur les droits de la personne, la participation généralisée à la prise de décisions et le développement. Les approches canadiennes de l’aide et du commerce doivent aborder, et non exacerber, les causes profondes des problèmes de drogue et de criminalité des Amériques, et reconnaître que les approches militaristes nuisent à la sécurité publique.

    Alors, la prochaine fois que vous entendrez quelqu’un vanter les avantages du libre-échange, demandez-vous si ces politiques vont soutenir les institutions démocratiques, les stratégies de développement socialement justes et les politiques sur les drogues fondées sur les données probantes et les droits.

     


    [1] Voir U.S. State Department. 2011. Human Rights Reports: Mexico. À l’adresse :http://www.state.gov/j/drl/rls/hrrpt/2011/wha/186528.htm.
    [2] Seekle, C. et Finklea, K. M. (2011). U.S.-Mexican Security Cooperation: The Mérida Initiative and Beyond. U.S. Department of State: U.S. Congressional Research Service. À l’adresse :http://fpc.state.gov/documents/organization/171385.pdf.
  • Une caravane pour la paix avec dignité et justice

    Une caravane pour la paix avec dignité et justice

    60 000 tués, 10 000 disparus, 160 000 déplacés.

    Voilà la tragédie qui a cours et qui affecte les Mexicains depuis les quelques années où Felipe Calderón a déclaré la « guerre aux cartels », en décembre 2006.

    Javier Sicilia, le célèbre poète mexicain, a cessé d’écrire de la poésie après que son fils est tombé sous les balles, à Cuernavaca, en mars 2011. Le jour de la mort de son fils, il a écrit un dernier verset avant de déposer sa plume. « Le monde ne mérite pas les mots, ils ont été étouffés de l’intérieur, tout comme ils t’ont étouffé. »

    Depuis, il s’est emparé des rues du Mexique, avec des centaines de milliers d’autres citoyens, dans un plaidoyer dramatique adressé aux cartels de la drogue et au gouvernement, les priant de cesser la violence qui déchire leur pays. Sicilia, comme on l’appelle au Mexique, a mené deux Caravanes pour la paix – l’une de Cuernavaca à Mexico et l’autre dans le nord du Mexique, où la violence dépasse l’entendement.

    Le 12 août, Sicilia a mené près d’une centaine de victimes de la guerre aux drogues du Mexique au-delà de la frontière, de Tijuana à San Diego, pour entamer une Caravane pour la paix d’un mois dans le sud et le nord-est des États-Unis. Le message principal de la Caravane pour la paix est que la guerre aux drogues continue de dévaster son pays et qu’elle est le résultat des politiques sur les drogues adoptées aux É.-U., au Canada et au Mexique. La CCPD se joindra à la Caravane pour la paix à Baltimore, Maryland, le 9 septembre, où elle s’arrêtera pour tenir une assemblée publique au sujet des politiques sur les drogues, lors de laquelle on examinera à quel point les trois pays ont à gagner d’envisager des solutions de rechange à l’échec de la guerre aux drogues.

    Suivez notre blog lors des prochaines semaines pour en savoir plus sur la Caravan for Peace, Javier Scilia et la relation du Canada à la Guerre contre la drogue du Mexique.

  • Drug policy off-limits at AIDS 2012 Opening

    Drug policy off-limits at AIDS 2012 Opening

    The opening session of AIDS 2012 is the anchor event for many attendees. This is the place where world leaders in the AIDS movement say their piece and inspire attendees to continue their work. Speakers at this year’s session were numerous and notable, including World Bank President Jim Yong Kim, who delivered the message that his organization cares and wants to see more involvement of civil society in shaping global anti-poverty programs (despite years of insisting that countries scale down their social safety nets to receive World Bank financial assistance). The conference co-chairs, Diane Havlir and Elly Katabira, along with the Deputy President of South Africa also urged conference attendees to embrace the goal of eliminating HIV in our generation. All good stuff.

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    The highlight of the evening was Annah Sango from the International Community of Women Living with HIV/AIDS who spoke most poignantly about the need to integrate women’s issues into the international AIDS agenda. She praised the work of NGO’s addressing the needs of people who use drugs and reminded the audience that the way forward cannot proceed without the voices of those most affected, including people who use drugs, women, and sex workers. Speakers made it clear that organizations focused on AIDS in a global context have had major successes at scaling up prevention and treatment. Yet it was apparent that discussion of controversial issues like the decriminalization or even legalization of drugs was a nonstarter. Last night’s speakers briefly mentioned needle exchange but the overall framework of global drug policy was clearly not on the agenda.

    These profound absences were supposed to be remedied by the 2010 Vienna Declaration. But the lack of drug policy discussion last night makes it clear why CDPC’s presence is needed in Washington this week. Our work is to remind attendees that drug policy is AIDS policy and that harm reduction interventions and a discussion of legal frameworks should not only be up for discussion, but are central to the conference’s goal of an AIDS-free generation.

  • Les tribunaux de traitement de la toxicomanie au Canada : le bon, le mauvais, et la recherche médiocre

    Les tribunaux de traitement de la toxicomanie au Canada : le bon, le mauvais, et la recherche médiocre

    Les tribunaux de traitement de la toxicomanie (TTT) sont souvent vantés comme étant la solution à un cycle de toxicomanie et de crime. Mais le sont-ils? Voilà la question à laquelle le Réseau juridique canadien VIH/sida a tenté de répondre dans une publication de 2011 qui examine les activités de six tribunaux de traitement de la toxicomanie du Canada, financés par le fédéral (Toronto, Edmonton, Vancouver, Winnipeg, Ottawa et Regina). Cette étude constitue aussi une introduction aux TTT pour les profanes. Le rapport ne rejette pas totalement les TTT, mais soulève de sérieuses questions sur leur mode de fonctionnement et leur efficacité.

    Comme l’indique ce rapport, la notion selon laquelle la toxicomanie est le résultat d’une lacune morale a, dans certains secteurs, entraîné l’idée que c’est une maladie chronique qui peut répondre à un traitement médical. Les tribunaux de traitement de la toxicomanie, comme l’énonce ce rapport, fonctionnement d’après une combinaison de ces hypothèses.

    Les TTT étant promus comme moyen de réduire l’utilisation de drogues et de prévenir le crime, ils adoptent l’idée que le traitement peut atténuer la toxicomanie.

    Mais ils ont également recours à des méthodes quasi-coercitives et punitives qui sont plus près du système de justice pénale. Les candidats à un programme de TTT doivent plaider coupables d’un crime et se soumettre à une analyse d’urine obligatoire. Le défaut d’adhérer au programme de traitement ordonné par le tribunal peut se traduire par une peine d’emprisonnement. Mais si la toxicomanie est une maladie chronique récurrente, comme le suggère l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, à quel point répond-elle à ces techniques quasi-coercitives utilisées dans les TTT? Pas beaucoup, selon les auteurs de ce rapport.

    Ce rapport soulève aussi de sérieuses questions sur la méthodologie de la recherche sur les tribunaux de traitement de la toxicomanie. Ses auteurs allèguent qu’étant donné l’absence d’étude de suivi sur les expériences des participants, et les faibles taux de maintien des participants dans de nombreux programmes de TTT, il est difficile de conclure, à ce stade, si les tribunaux de traitement de la toxicomanie entraînent ou non une diminution de l’utilisation de drogues et/ou du récidivisme. Plus inquiétant encore, ces auteurs ont observé que les femmes sont moins susceptibles de se porter candidates à un TTT, et moins susceptibles de graduer à des niveaux comparables à ceux des participants masculins, en partie à cause de l’absence de programmes sexospécifiques et de programmes souples qui conviendraient aux responsabilités parentales. Les femmes et les hommes autochtones sont également moins susceptibles de terminer des programmes de TTT en partie à cause de l’absence de services de traitement spécifiques pour les Autochtones.

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    Télécharger le rapport

    Les auteurs du rapport se demandent dans quelle mesure l’inscription au traitement est volontaire lorsque la prison est l’autre possibilité et que l’accès aux autres traitements est limité. Comme le mentionne le rapport,

    « compte tenu de la difficulté d’avoir accès à un traitement de la toxicomanie et à des services sociaux sans passer par le système des TTT, on peut douter du caractère volontaire de l’inscription aux TTT »

    . Les auteurs indiquent également que le système des TTT peut potentiellement éroder certaines des garanties procédurales du système judiciaire traditionnel. Les tribunaux de traitement de la toxicomanie peuvent aussi enfreindre les droits de la personne, plus précisément, le droit à la santé prévu à l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, parce qu’on peut refuser aux participants l’accès à un service de santé s’ils ne se plient pas aux règles du programme TTT.

    Globalement, ce rapport demande si allouer des ressources limitées à un traitement de la toxicomanie presque forcé par l’intermédiaire du système de justice pénale, plutôt que d’élargir l’accès à un traitement volontaire de qualité est la meilleure façon d’aider les gens à restreindre leur utilisation de drogues et à prévenir le récidivisme.

    Pour plus de détails, consultez : Jugement déficient : Évaluation de l’opportunité des tribunaux de traitement de la toxicomanie, en réponse à l’usage de drogue au Canada du Réseau juridique canadien VIH/sida. À l’adresse :http://www.aidslaw.ca/publications/interfaces/downloadFile.php?ref=2036

  • Commission mondiale pour la politique des drogues : La guerre aux drogues et le VIH/sida

    Commission mondiale pour la politique des drogues : La guerre aux drogues et le VIH/sida

    Le 26 juin, la Commission mondiale pour la politique des drogues a publié un rapport percutant sur la guerre aux drogues et ses échecs. Intitulé « La guerre aux drogues et le VIH/sida : comment la criminalisation des drogues alimente la pandémie mondiale », le rapport se penche sur la relation entre les politiques sur les drogues et la propagation du VIH/sida.

    Traitant d’une gamme d’enjeux directement liés à la pandémie du VIH/sida, le rapport souligne l’incapacité des forces de l’ordre à réduire l’offre de drogues mondiale. En fait, l’offre mondiale d’opiacés illicites, comme l’héroïne, s’est accrue de 380 % dans ces dernières décennies. Et il décrit comment les politiques répressives de contrôle des drogues sont le moteur de l’épidémie de VIH dans maintes régions du monde. Le rapport énonce aussi comment les politiques qui interdisent l’échange de seringues accroissent le partage de seringues et le risque d’infections à VIH, et comment la crainte d’une arrestation pousse les gens dans la clandestinité et les éloigne des services nécessaires. Il enjoint les pays d’augmenter les traitements éprouvés pour les drogues et les mesures de santé publique, notamment les services de réduction des méfaits, afin de réduire l’infection à VIH et de protéger la santé et la sécurité communautaires.

    Le Canada se targue souvent d’être une force positive et progressiste sur la scène internationale. Mais la politique, plutôt que les preuves, tend à être le facteur décisif qui définit les politiques canadiennes sur les drogues. Comme l’explique le rapport de la Commission mondiale, l’incarcération de masse nourrit aussi la pandémie du VIH. L’adoption récente du projet de loi omnibus sur la criminalité impose des peines minimales obligatoires pour certains crimes liés aux drogues, ce qui aura comme effet de faire grimper les taux d’incarcération dans les prisons déjà surpeuplées du Canada, et comme l’a récemment souligné le Réseau juridique canadien VIH/sida, l’absence de programmes d’échange de seringues dans les prisons canadiennes contribue à la propagation du VIH et met en danger la santé publique.

    Le rapport documente également comment la lutte contre le sida est gagnée dans les pays où l’utilisation problématique de substances est traitée comme une question de santé. En Australie et dans les pays européens comme le Portugal et la Suisse, les infections à VIH nouvellement diagnostiquées ont presque été éliminées chez les personnes qui utilisent des drogues.

    Les membres de la Commission mondiale ne sont pas des novices de l’élaboration de politiques gouvernementales. La Commission se compose d’un groupe distingué de leaders de haut niveau, dont George Schultz, ancien secrétaire d’État américain, Richard Branson, fondateur du groupe Virgin et défenseur de causes sociales, et Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Suisse, parmi tant d’autres.

    Il s’agit du deuxième rapport publié par la Commission mondiale. Le premier rapport, publié en juin 2011, catalysait le débat international sur le besoin urgent de réformes fondamentales du régime mondial d’interdiction des drogues. Il recommandait la mise en œuvre de réformes comme des solutions de rechange aux prisons, un accent accru mis sur les approches de santé pour l’utilisation de drogues, la décriminalisation, et des expériences de réglementation des drogues qui évitent les effets néfastes de l’interdiction complète.

    Avec une vaste couverture médiatique dans le monde entier, le rapport a ramené dans l’actualité le sujet de la réforme des politiques sur les drogues juste à temps pour AIDS 2012, qui aura lieu à Washington, DC, fin juillet. Insistant sur la nécessité d’une action urgente, la Commission mondiale fait un certain nombre de recommandations aux leaders de ce monde et aux Nations unies, dont la plus essentielle est qu’ils reconnaissent le lien causal entre la guerre aux drogues et la propagation du VIH/sida, et qu’ils s’y attaquent.

    Pour plus de détails, consultez :

    Commission mondiale pour la politique des drogues :http://www.globalcommissionondrugs.org/

    Réseau juridique canadien VIH/sida : http://www.aidslaw.ca/FR/index.htm

    Lire le rapport

    (en anglais seulement)

  • Rapport du directeur

    Rapport du directeur

    Les trois derniers mois ont foisonné d’activités comme nous établissons davantage notre présence comme CCPD et formons des liens avec des organisations et des personnes du pays et du monde entier. Il se produit véritablement quelque chose de grand, et un élan se dirige vers de nouvelles approches innovatrices pour aborder les problèmes de drogues.

    En février, j’ai été invité à prendre la parole à un congrès international, à Mexico,Drogas : Un balance a un siglo de su prohibición, organisé par le groupe de prévention du crime Mexico Unido Contra la Delincuencia. Le forum a effectué un examen exhaustif des solutions de rechange possibles aux conséquences désastreuses de la guerre aux drogues du gouvernement mexicain. Des conférenciers sont venus du monde entier pour faire part de leurs innovations, de leurs changements législatifs et de leurs pratiques qui ont donné aux politiques des drogues une approche de santé publique et les ont éloignées du modèle de justice pénale raté.

    Intégration de l’injection supervisée dans les services de santé et la communauté : un échange de connaissances national

    En avril, la CCPD a organisé un forum sur les services d’injection supervisée en partenariat avec le centre du Dr Peter de Vancouver et Cactus Montréal, à titre de réunion connexe du congrès de l’Association canadienne de recherche sur le VIH, à Montréal. Le congrès avait lieu à la magnifique Bibliothèque et Archives nationales du Québec. C’était une occasion pour les organisations de partager leurs expériences et de vérifier l’état actuel des discussions dans leurs localités. La CCPD travaille avec un certain nombre d’organisations à faire avancer ces discussions tandis que différentes localités cherchent à mettre en œuvre ces services.

    Rencontre de la stratégie nord-américaine sur les drogues – San Francisco, 12 et 13 avril

    Dans le cadre du travail international de la CCPD, nous avons été l’hôte d’une rencontre conjointement avec la Drug Policy Alliance des États-Unis et CUPHID de Mexico afin d’explorer le développement d’un dialogue coordonné nord-américain à propos des politiques sur les drogues. La rencontre de San Francisco a été la première séance préliminaire dans le but de vérifier comment nous pouvons collaborer à proposer des solutions de rechange aux politiques sur les drogues actuelles en Amérique du Nord. Tentant de raffermir ses liens sur le continent, la CCPD recherche présentement des alliés canadiens intéressés à soutenir ses travaux au Mexique.

    Visite dans les Maritimes

    Conformément à notre projet de constituer une coalition nationale, j’ai visité le Canada atlantique en mai. J’ai assisté à des activités et des rencontres à Halifax, à Saint-Jean Nouveau-Brunswick et à Charlottetown. Le Réseau atlantique de recherche sur la réduction des méfaits a invité la CCPD à prendre part à sa séance publique – Les gens et les politiques : comment les politiques sur les drogues influencent-elles la santé de nos communautés? En outre, une séance d’un jour avec des prestataires de services et des chercheurs examinait aussi comment mieux intégrer les services de réduction des méfaits dans le contexte des refuges et des salles d’urgence.

    À Saint-Jean NB, AIDS Saint John, l’institut des études urbaines et communautaires de l’Université du Nouveau-Brunswick et la CCPD ont co-organisé une activité, Les drogues et la ville, qui présentait une discussion d’experts en politiques sur les drogues avec Tim Christie, directeur de l’éthique, région sanitaire de Saint-Jean et Bill Reid, chef du service de police de Saint-Jean.

    À Charlottetown, j’ai rencontré des parents inquiets de l’absence de traitements pour les jeunes dans l’île, qui sont intéressés à organiser un « mouvement des toxicomanies » provincial afin de stimuler la discussion, de partager des expériences et de faire participer le gouvernement provincial au dialogue sur l’amélioration des services pour les personnes aux prises avec des problèmes de drogue.

    Stratégie municipale sur les drogues de Thunder Bay

    Le 24 mai, Canadian Students for Sensible Drug Policy et la stratégie sur les drogues de Thunder Bay ont organisé l’activité Pot, Pills and Parties, qui portait sur l’effet du projet de loi C-10 sur les jeunes gens et comprenait une présentation de la CCPD :Changer le cadre : une nouvelle approche des politiques sur les drogues au Canada.

    En joignant les gens à travers le pays, la CCPD trouve de nouvelles façons innovatrices de consolider et de constituer sa coalition afin d’améliorer l’approche du Canada relativement aux problèmes des drogues. Nous continuerons de mobiliser les Canadiens et de travailler à cette fin à l’échelle internationale.


    Photo Credits:
    Mexico – Steve Rolles
    Montréal – Caroline Mousseau
    San Fransisco – CC Flickr evoo73
    Halifax – Wooden Shoe Photography

  • Si on peut l’épeler, on peut l’annexer.

    Si on peut l’épeler, on peut l’annexer.

    C’est l’intention du gouvernement fédéral canadien. C’est-à-dire, inclure la méthylènedioxypyrovalérone (MDPV), une substance synthétique qui cause des effets psychoactifs de l’ordre des stimulants, à l’annexe I de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Du moins est-ce la proposition officiellement annoncée dans la Gazette du Canada du 9 juin 2012. Elle fait suite à l’annonce de la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, que cette drogue serait interdite en raison des « reportages récents des médias qui ont associé l’utilisation des “sels de bain” à des cas de violence ». Les parties concernées ont jusqu’au 8 juillet 2012 pour commenter (détails ci-dessous).

    Comme le Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies l’a si prudemment fait remarquer, « les sels de bain ne sont pas des sels que l’on met dans son bain ».

    Il s’agit plutôt du nom commun donné à la MDPV, l’un des ingrédients possibles d’une substance en vente, mais jusqu’ici, pas encore réglementée au Canada, contrairement à nombre de ses cousines déjà interdites à l’annexe III.

    Les allégations du gouvernement selon lesquelles les sels de bain seraient associés à la violence proviennent de reportages hautement sensationnalistes d’un cas tragique d’agression à Miami, où les policiers ont abattu un homme alors qu’apparemment, il dévorait le visage d’un autre homme. Les autorités de Miami ont spéculé que cette attaque avait été causée par l’utilisation de sels de bain, bien que les résultats des analyses toxicologiques ne puissent pas être concluants avant quelques semaines. Elles ne se soucient pas non plus de ce que le protagoniste de cette histoire ait des antécédents de violence, selon Kate Heartfield dans Ottawa Citizen.

    La proposition d’interdire la MDPV s’inscrit dans un cycle médiatique dans lequel nombre de reportages décrivent en détail les effets de son utilisation, comme par exemple un segment deThe Current sur CBC, avec Anna Maria Tremonti, le 30 mai. The Current a obtenu des interviews d’Halifax avec un ex-utilisateur de sels de bain et un médecin traitant les toxicomanies afin de souligner les effets présumés singulièrement dangereux de cette drogue et lui donner un biais médiatique maison. Déjà vu? Assurément. Des récits semblables « d’alerte aux drogues » ont été élaborés au sujet de la popularisation de nombreuses substances, y compris la meth en cristaux, le PCP, le crack, le speed, le LSD, l’héroïne, la mari et bien sûr, l’opium.
    L’empressement d’interdire la MDPV et de l’ajouter à l’annexe I signifiera que les peines les plus dures des lois sur les drogues pourront s’appliquer aux personnes qui utilisent cette drogue, en font le trafic ou la produisent. Comme l’ont noté les chercheurs, l’interdiction des drogues comme la méphédrone en repousse l’usage et la fabrication plus loin dans la clandestinité, gonfle les prix, et empêche la mise en œuvre de formes de réglementation éventuellement utiles. L’interdiction de substances n’a pas accru la sécurité des gens, et n’a pas entraîné l’élimination de l’utilisation de drogues. Elle peut aussi renvoyer les utilisateurs à des drogues illicites traditionnelles ou à des « drogues légales » plus nouvelles et possiblement plus dangereuses.

    Nous ne voulons pas ignorer ce que disent les personnes qui ont de mauvaises expériences avec la MDPV, mais nous ne voulons pas non plus nous précipiter pour interdire cette drogue. Dans ce cas-ci, c’est une réponse politique qui peut apaiser les électeurs inquiets, mais qui libère aussi les politiciens de la responsabilité d’aborder sérieusement les causes sous-jacentes de l’utilisation de substances problématique. Nous vous prions d’exprimer vos préoccupations à l’égard de cette interdiction.

    Les commentaires sur ce changement proposé peuvent être adressés à M. Nathan Isotalo, Politiques et réglementation, Bureau des substances contrôlées, à l’adresse : 3503D, 123 rue Slater, Ottawa, Ontario K1A 0K9, par télécopieur au (613) 946-4224 ou par courriel à l’adresseOCS_regulatorypolicy-BSC_ [email protected].

    Pour plus d’information, consultez : Curiosity killed M-Cat: A post-legislative study on mephedrone use in Ireland, Marie Claire Van Hout et Rebekah Brennan. Drugs: education, prevention and policy, Avril 2012; 19(2): 156–162 (en anglais seulement).

  • Les infirmières et infirmiers canadiens chefs de file de la réduction des méfaits

    Les infirmières et infirmiers canadiens chefs de file de la réduction des méfaits

    Les infirmières et infirmiers de tout le pays se rassembleront à Vancouver cette semaine pour le Congrès biennal de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada de 2012.Dans le cadre de ce congrès, Insite et le Dr Peter Centre seront respectivement l’hôte de séances spéciales le 17 juin, offrant l’occasion d’échanger des connaissances sur les politiques de réduction des méfaits et les pratiques infirmières.

    Les infirmières et infirmiers canadiens reconnaissent que l’utilisation de substances, légales ou illicites, est un trait persistant de la nature humaine et que l’abstinence n’est pas toujours un objectif réaliste. Par conséquent, les infirmières mettent l’accent sur la réduction des conséquences indésirables et sur la formation de relations aidantes et dénuées de jugement pour la santé et la sécurité des personnes, des familles et des communautés.

    Il y a un risque que l’image des injections supervisées par une infirmière se limite à celle d’un infirmier penché sur un client pendant que se déroule l’injection et que rien d’autre ne se produit. Je veux dissiper cette image.

    Le personnel infirmier d’Insite a élaboré le cadre de ses pratiques infirmières. Les soins infirmiers sont centrés sur le client et visent à former des relations, à maintenir la dignité et le respect, et à créer un environnement de sécurité culturelle et d’habilitation. Les soins infirmiers de première ligne chez Insite comprennent l’éducation sur l’injection sans risque, l’échange de seringues, les premiers soins, le soin des blessures, la prise en charge d’une surdose, le traitement de la toxicomanie, les services de santé génésique et la prévention des maladies transmissibles. Ces services sont dispensés dans le cadre d’un programme complet de réduction des méfaits et de promotion de la santé, en partenariat avec les systèmes de santé et de services sociaux et les organismes communautaires.

    En 2011, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada a publié un document de travail sur La réduction des méfaits et les drogues actuellement illicites : implications pour les politiques, la pratique, la formation et la recherche en soins infirmiers, qui a reçu l’appui del’Association canadienne des infirmières et infirmiers en sidologie. Les valeurs de la réduction des méfaits sont conformes aux valeurs qui guident la pratique déontologique professionnelle des soins infirmiers exprimées dans le Code de déontologie des infirmières et infirmiers pour dispenser des soins infirmiers sécuritaires, conformes à l’éthique, compétents et compatissants; pour promouvoir la santé et le bien-être; pour promouvoir et respecter la prise de décisions éclairées; pour préserver la dignité de la personne à qui les soins sont dispensés au besoin; et pour promouvoir la justice.

    Ceci étant dit, il n’est donc pas étonnant que les infirmières et infirmiers canadiens appuient les services de réduction des méfaits. Les origines des soins infirmiers itinérants ont été attribuées aux Sœurs grises, fondées par Marguerite d’Youville à Montréal, qui, au milieu des années 1700, étaient reconnues pour leurs soins aux démunis. L’inégalité de l’accès aux soins de santé et les déterminants fondamentaux de la santé ont mené à des pratiques de « soins infirmiers de rue » dans maints centres urbains.

    Programme d’infirmières et infirmiers itinérants de rue BCCDC-STI
    Programme d’infirmières et infirmiers itinérants de rue BCCDC-STI

    À Vancouver, après la Deuxième Guerre mondiale, les infirmières ont dirigé une vaste initiative afin de joindre les personnes marginalisées qui ne se rendaient pas dans les hôpitaux pour faire soigner des maladies transmises sexuellement. En 1988, le Centre de contrôle des maladies de la C.-B. a instauré le programme d’infirmières et infirmiers de rue pour la prévention du sida qui mettait l’accent sur l’échange de seringues. Étant donné l’épidémie de morts par surdose et de propagation radicale du VIH qui sévissait à Vancouver dans les années 1990, les infirmières et infirmiers de rue ont été parmi les premiers à revendiquer de sortir les injections de la ruelle pour les amener à la sécurité d’un service sanitaire d’injection supervisé.

    Il y a à peine plus d’un an, les associations professionnelles – l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario et l’Association of Registered Nurses of British Columbia et la BC Nurses Union sont toutes intervenues à l’appui d’Insite devant la Cour suprême du Canada. Les infirmières et infirmiers de tout le pays se sont réjouis lorsque la Cour suprême a statué en faveur du maintien des opérations d’Insite.

    Surveillez bien les infirmières et infirmiers qui plaideront la cause de l’expansion des services d’injection supervisés à l’échelle locale, nationale et mondiale!

  • Mark Haden: A Drug Educator’s Apology

    Mark Haden: A Drug Educator’s Apology

    Mark Haden is a drug educator. He has spent the last twenty-five years providing public education on drugs and working with addiction counselling services in Canada. Today he works as a supervisor at the Pacific Spirit Community Health Centre in Vancouver.

    Haden knows that the Canadian Federal government spends approximately six million dollars a year educating parents, teachers, young people, law enforcement and communities about the risks and laws surrounding substance use. He also knows that drug education plays a key role in defining our relationships to mind altering substances.

    “We have overemphasized the harms of drugs, we have neglected to mention the benefits of certain drugs and we have omitted mentioning the harms that drug prohibition causes….”

    Reflecting on the complexity of the relationships we have to drugs, Haden feels that we do a disservice to young people by perpetuating certain myths and maintaining a system that fails to achieve healthy results. During a brief interview in his office, Haden suggested a number of regulatory tools that could be useful in redefining our relationship to drugs and drug education. He advocates for a public health approach that is rooted in human rights and harm reduction and proposes an alternative to prohibition and criminalization.

    Haden is adamant that it is time to explore alternate regulatory frameworks that will actually make certain drugs harder to attain for young people, not easier. He admits that different drugs have different properties and risks and suggests that we consider each one separately, with different approaches taken to reducing the harms of each drug.

    Haden believes that if we can open up discussion about drug use and create public health policies, we can also begin to develop healthy social norms that can minimize their associated harms. “We don’t drink alcohol with breakfast,” he says. If we stop the violence of prohibition and start telling the truth about drugs, then we can begin to develop healthy social habits around drug use.

    Mark’s website has an extensive list of regulatory tools as well as many more resources for understanding and shifting our relationship to drugs towards a public health approach.