Le 26 juin, la Commission mondiale pour la politique des drogues a publié un rapport percutant sur la guerre aux drogues et ses échecs. Intitulé « La guerre aux drogues et le VIH/sida : comment la criminalisation des drogues alimente la pandémie mondiale », le rapport se penche sur la relation entre les politiques sur les drogues et la propagation du VIH/sida.
Traitant d’une gamme d’enjeux directement liés à la pandémie du VIH/sida, le rapport souligne l’incapacité des forces de l’ordre à réduire l’offre de drogues mondiale. En fait, l’offre mondiale d’opiacés illicites, comme l’héroïne, s’est accrue de 380 % dans ces dernières décennies. Et il décrit comment les politiques répressives de contrôle des drogues sont le moteur de l’épidémie de VIH dans maintes régions du monde. Le rapport énonce aussi comment les politiques qui interdisent l’échange de seringues accroissent le partage de seringues et le risque d’infections à VIH, et comment la crainte d’une arrestation pousse les gens dans la clandestinité et les éloigne des services nécessaires. Il enjoint les pays d’augmenter les traitements éprouvés pour les drogues et les mesures de santé publique, notamment les services de réduction des méfaits, afin de réduire l’infection à VIH et de protéger la santé et la sécurité communautaires.
Le Canada se targue souvent d’être une force positive et progressiste sur la scène internationale. Mais la politique, plutôt que les preuves, tend à être le facteur décisif qui définit les politiques canadiennes sur les drogues. Comme l’explique le rapport de la Commission mondiale, l’incarcération de masse nourrit aussi la pandémie du VIH. L’adoption récente du projet de loi omnibus sur la criminalité impose des peines minimales obligatoires pour certains crimes liés aux drogues, ce qui aura comme effet de faire grimper les taux d’incarcération dans les prisons déjà surpeuplées du Canada, et comme l’a récemment souligné le Réseau juridique canadien VIH/sida, l’absence de programmes d’échange de seringues dans les prisons canadiennes contribue à la propagation du VIH et met en danger la santé publique.
Le rapport documente également comment la lutte contre le sida est gagnée dans les pays où l’utilisation problématique de substances est traitée comme une question de santé. En Australie et dans les pays européens comme le Portugal et la Suisse, les infections à VIH nouvellement diagnostiquées ont presque été éliminées chez les personnes qui utilisent des drogues.
Les membres de la Commission mondiale ne sont pas des novices de l’élaboration de politiques gouvernementales. La Commission se compose d’un groupe distingué de leaders de haut niveau, dont George Schultz, ancien secrétaire d’État américain, Richard Branson, fondateur du groupe Virgin et défenseur de causes sociales, et Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Suisse, parmi tant d’autres.
Il s’agit du deuxième rapport publié par la Commission mondiale. Le premier rapport, publié en juin 2011, catalysait le débat international sur le besoin urgent de réformes fondamentales du régime mondial d’interdiction des drogues. Il recommandait la mise en œuvre de réformes comme des solutions de rechange aux prisons, un accent accru mis sur les approches de santé pour l’utilisation de drogues, la décriminalisation, et des expériences de réglementation des drogues qui évitent les effets néfastes de l’interdiction complète.
Avec une vaste couverture médiatique dans le monde entier, le rapport a ramené dans l’actualité le sujet de la réforme des politiques sur les drogues juste à temps pour AIDS 2012, qui aura lieu à Washington, DC, fin juillet. Insistant sur la nécessité d’une action urgente, la Commission mondiale fait un certain nombre de recommandations aux leaders de ce monde et aux Nations unies, dont la plus essentielle est qu’ils reconnaissent le lien causal entre la guerre aux drogues et la propagation du VIH/sida, et qu’ils s’y attaquent.
Pour plus de détails, consultez :
Commission mondiale pour la politique des drogues :http://www.globalcommissionondrugs.org/
Réseau juridique canadien VIH/sida : http://www.aidslaw.ca/FR/index.htm
Lire le rapport
(en anglais seulement)