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  • Une situation douloureuse : L’accès aux médicaments en milieu carcéral

    Une situation douloureuse : L’accès aux médicaments en milieu carcéral

    Il s’agit du deuxième d’une série de trois articles consacrés à l’importance d’envisager une réforme des politiques et des programmes en vigueur dans les prisons fédérales canadiennes. Vous pouvez consulter le premier article ici.

    prescription-meds-sqLorsqu’il s’agit de médicaments en milieu carcéral, les agents correctionnels canadiens se préoccupent d’abord de ne pas laisser entrer les drogues illégales dans les prisons. Par conséquent, une attention insuffisante est accordée à la consommation et à l’accès, en milieu carcéral, aux médicaments psychotropes prescrits pour soigner les affections physiques ou mentales. Cette négligence crée des lacunes de connaissances ayant une incidence négative sur la santé et le bien-être des prisonniers. De plus amples études et une amélioration des politiques régissant l’accès des prisonniers aux médicaments s’imposent de toute urgence.

    Voici un aperçu du contexte : Les services de santé dans les prisons fédérales doivent être dispensés conformément à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition qui stipule que chaque détenu recevra les « soins de santé essentiels » et aura un « accès raisonnable aux soins de santé mentale non essentiels » qui contribueront à sa réadaptation et au succès de sa réinsertion dans la collectivité. Le Service correctionnel du Canada (SCC) a instauré une Directive du Commissaire ainsi que plusieurs autres directives et procédures en ce qui concerne l’administration de médicaments, y compris un Formulaire national auquel toutes les prisons fédérales doivent se conformer. Le formulaire explique en détail aux médecins, pharmaciens, et personnel soignant, quels médicaments sont admissibles en milieu carcéral. Plusieurs médicaments psychotropes sont exclus du formulaire parce qu’ils présentent un risque élevé de mauvaise utilisation ou de détournement (p. ex. les détenus pourraient vendre leurs médicaments, ou être victimes d’intimidation de la part d’individus voulant acquérir leurs médicaments). Les substances psychoactives figurant au formulaire font l’objet de restrictions précises (p. ex., elles ne peuvent être prescrites que dans certaines circonstances, ne peuvent être administrées pendant plus d’une semaine, doivent être prises sous observation directe, etc…). En dépit des règles et règlements en vigueur, les employés d’organismes externes, ainsi que les anciens employés du SCC, signalent que des politiques plus claires et des pratiques améliorées s’imposent.

    Les individus admis dans le réseau carcéral sont généralement perturbés dès leur arrivée. Les médicaments qui leur étaient administrés lorsqu’ils faisaient partie de la collectivité leur sont refusés, totalement ou progressivement. Plusieurs facteurs, y compris le manque de communication entre les prestataires de soins de santé et le personnel de sécurité, le respect scrupuleux du formulaire, ou les changements apportés à ce dernier, peuvent contribuer à prolonger le délai qui s’écoulerait avant qu’un détenu puisse reprendre ou commencer un traitement. Il est clair qu’une telle situation provoque des répercussions sur la santé mentale et / ou physique d’un détenu.

    Les observateurs du système et les anciens employés du SCC relatent les expériences de détenus aux prises avec de graves symptômes psychologiques, auxquels des transfèrements ont été imposés avant qu’ils ne puissent recevoir les médicaments appropriés. Pour soulager la douleur, les praticiens exerçant en milieu carcéral éprouvent des difficultés lorsqu’il prescrivent les quelques médicaments contre la douleur figurant au formulaire. Dans certains cas, l’administration de médicaments contre la douleur, auxquels les détenus avaient accès pendant plusieurs années avant leur incarcération, est interrompue. Les détenus ont parfois la possibilité de consulter des spécialistes du traitement de la douleur travaillant en milieu communautaire, et ces derniers peuvent formuler des recommandations en ce qui concerne les soins de santé administrés en milieu carcéral, mais de telles occasions ne se présentent pas nécessairement en temps opportun, ou de façon uniforme. Des exceptions au formulaire peuvent à l’occasion être accordées, mais il s’agit d’un processus incertain sans aucune garantie. La politique de tolérance zéro régnant dans les prisons fédérales ne facilite en rien cette situation. Les détenus présentant une demande de médicaments psychoactifs pour traiter la douleur ou toute autre affection sont souvent considérés comme des « toxicophiles » et attirent donc les soupçons.

    Il convient de souligner que certains groupes sont plus susceptibles de se faire prescrire ou de prendre des médicaments psychotropes (le plus souvent sous la forme d’automédication) et sont donc touchés de façon disproportionnée par l’absence d’accès aux médicaments en temps opportun. Ces groupes incluent : les détenus atteints de problèmes de santé mentale et ceux souffrant de traumatismes psychologiques; les femmes prisonnières, plus particulièrement celles issues de milieu autochtone; les détenus éprouvant une douleur physique chronique, y compris les personnes atteintes de VIH qui souffrent de neuropathie périphérique douloureuse, ainsi que les prisonniers âgés ou vieillissants. Le Bureau de l’Enquêteur correctionnel reconnait depuis longtemps le besoin de mieux répondre aux besoins des prisonniers en matière de santé physique et mentale, y compris l’accès aux médicaments et a récemment indiqué que 63% des femmes détenues dans les prisons fédérales reçoivent des médicament psychotropes pour traiter les symptômes de maladie mentale.

    Pour garantir l’accès des détenus aux « soins de santé essentiels » auxquels ils ont droit, ceux et celles d’entre nous qui sommes chercheurs, prestataires de services et défenseurs des soins de santé en milieu carcéral devons poursuivre cette question. Si nous voulons une société juste et humaine qui prend en considération la santé et le bien-être des détenus, il est nécessaire d’approfondir nos connaissances au sujet de l’accès aux médicaments en milieu carcéral.

  • Le contexte entourant l’application des lois antidrogues dans les prisons fédérales canadiennes

    Le contexte entourant l’application des lois antidrogues dans les prisons fédérales canadiennes

    Voici le premier d’une série de trois articles consacrés à l’importance d’envisager une réforme des politiques et programmes en vigueur dans les prisons canadiennes.

    Au cours des dernières années, le Service Correctionnel du Canada (SCC) a intensifié ses efforts visant à empêcher l’introduction de drogues dans les prisons. Néanmoins, la priorité accordée à la détection des drogues et à l’application des lois antidrogues en milieu carcéral semble être à l’origine de plusieurs problèmes.

    Pour certains, une peine d’emprisonnement constitue en effet une chance de se « désintoxiquer ».  Cependant, l’idée qu’une prison offre un endroit sûr et libre de drogues pour tous est fondée sur des hypothèses erronées au sujet de la réduction de la demande et de l’offre de stupéfiants en milieu carcéral. Dans le cadre de mes recherches, j’ai découvert qu’en dépit d’un financement considérable et de l’application accrue de lois antidrogues dans les prisons, l’objectif de non-circulation de la drogue dans les prisons est encore loin de pouvoir se réaliser au Canada.

    En 2007, le SCC a mis en oeuvre son Programme de transformation qui inclut, dans le cadre de ses cinq domaines d’action prioritaire, « l’élimination des drogues en milieu carcéral ». L’année suivante, le système carcéral fédéral a bénéficié d’un investissement de120 millions de dollars échelonné sur cinq anspour intensifier sa stratégie antidrogues . Ce financement visait à améliorer les outils permettant de détecter, perturber et dissuader la consommation de drogues dans les prisons, tels que les tests de dépistage aléatoires de drogues dans l’urine, les agents de renseignement de sécurité, les chiens détecteurs de drogues et les scanneurs ioniques. Il s’agit là d’une trousse d’outils énorme et coûteuse, et nous ne disposons toujours pas de preuves certaines de son efficacité.

    Les avis demeurent partagés sur l’application des lois antidrogues et leur incidence en milieu carcéral. Certains observateurs bien renseignés, tels que les anciens agents correctionnels et les employés d’organismes communautaires offrant un soutien aux prisonniers, déclarent que le renforcement des mesures d’application des lois antidrogues a non seulement échoué à empêcher l’introduction de drogues dans les prisons, mais contribue au contraire à aggraver la situation. Les problèmes liés aux mesures d’application incluent les individus qui changent le type de drogue qu’ils consomment (qui passent p. ex. du cannabis aux opiacés) pour éviter d’être repérés, une recrudescence des comportements à risque, des tensions accrues, la violence liée au commerce de la drogue et une baisse du nombre de visiteurs.

    Les conséquences peuvent être immédiates ou se prolonger bien au delà de la peine d’emprisonnement. Par exemple, lorsque les prisonniers qui s’injectent des drogues partagent leurs aiguilles, ils risquent de contracter le VIH et l’hépatite C . Lorsque les familles, les amis, et les bénévoles se sentent marginalisés et accablés par des mesures de sécurité envahissantes, oulorsqu’on leur refuse l’accès en raison de renseignement potentiellement inexacts, ils visitent moins souvent, ou cessent tout simplement de visiter. Ceci affaiblit les rapports essentiels à la réinsertion fructueuse des détenus au moment de leur libération.

    Ces problèmes sont souvent réinterprétés ou rejetés par le SCC. Le SCC souligne plutôt l’augmentation du nombre de saisies de drogue et le nombre réduit de tests d’urine positifs et de refus, pour indiquer que les mesures d’application de la loi fonctionnent. Les visiteurs qui tournent le dos aux portes des prisons sont présentés comme éléments probants de l’efficacité des mesures visant à dissuader les détenteurs de stupéfiants. Bref, ces questions demeurent controversées. Mais il importe de souligner que le SCC, ainsi que les autres autorités pénitentiaires, ont tendance à blâmer les détenus et les visiteurs pour tous les problèmes liés à la drogue, sans égard à l’incidence de leur politique à tolérance zéro et à son application.

    Cette approche focalisée qui exclut les informations et les perspective divergentes rend difficile la tâche de réformer les approches et les pratiques courantes. Il y a quelques années, le Comité parlementaire permanent de la sécurité publique et nationale  a rassemblé un groupe varié d’intervenants et d’experts bien informés, dont des représentants du SCC, pour étudier le« problème accablant » des drogues et de l’alcool en milieu carcéral. Les témoins ont exprimé des « points de vue très divergents au sujet des politiques et des mesures prises par le SCC ». Certains ont même témoigné que l’application des lois antidrogues n’a pas réussi à éliminer les stupéfiants du milieu carcéral et contribue à compromettre la santé et la sûreté des détenus, du personnel pénitentiaire et des collectivités. En dépit de tout cela, le rapport final recommandait un investissement continu dans le renforcement des mesures d’application des lois antidrogues et s’obstinait à défendre son engagement envers « l’établissement de prisons sans drogues ». Autrement dit, il ne s’écartait pas du Programme de transformation. Les Canadiens devraient porter un regard critique sur de tels rapports et demander quels changements ont réellement été apportés.

    Le SCC administre un grand nombre de détenus dans des prisons implantées d’un bout à l’autre du Canada. Bien que nous préconisions une réforme des politiques sur les drogues hors du milieu carcéral, nous ne devons pas oublier les politiques et les programmes qui affectent les consommateurs de drogues purgeant une peine de ressort fédéral (y compris le nombre disproportionné de personnes autochtones). Une évaluation complète et bien conçue des mesures d’application des lois antidrogues en milieu carcéral se fait attendre depuis beaucoup trop longtemps. Et compte tenu de la consommation continue de drogues dans les prisons canadiennes, une évaluation réaliste des programmes appropriés de réduction des méfaits, tels que l’éducation à la consommation de drogues plus sécuritaire et les programmes de distribution de seringues, devraient également être une priorité.

  • Assurer la sûreté des festivaliers en adoptant des stratégies de réduction des méfaits

    Assurer la sûreté des festivaliers en adoptant des stratégies de réduction des méfaits

    L’approche de l’hiver évoque en moi des souvenir de la saison estivale.  Comme bon nombre de jeunes Canadiens, j’ai passé un été rempli d’aventures, de randonnées pédestres et de camping, d’un bout à l’autre de la province, tirant profit de la plus grande liberté que nous apporte le beau temps. J’ai eu la chance d’assister à plusieurs festivals de musique cet été. J’adore les festivals. Passer une fin de semaine loin de chez soi à écouter de la bonne musique, à faire du camping avec les copains et à danser toute la nuit sous les étoiles… la magie et la féérie du milieu des festivals attire une multitude de participants à chaque année.

    Et pourtant, ces festivals ont un côté plus sombre. Les drogues « récréatives » telles que l’ecstasy, la kétamine et la cocaïne se retrouvent fréquemment dans les festivals de musique et la consommation non réglementée de telles drogues peut entraîner de graves conséquences. Cet été au Canada, près de 80 personnes ont été admises dans des hôpitaux suite à des incidents impliquant des drogues consommées lors de festivals. Deux de ces personnes ont perdu la vie. Elles étaient âgées de 20 et 22 ans, respectivement. Malheureusement, de tels scénarios ne sont pas rares. Chaque année, des jeunes participent à des festivals, et chaque année, certains y perdent la vie. Le Centre Canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies signale que la majorité des consommateurs d’ecstasy sont âgés de 15 à 24 ans. Il ne s’agit pas de dangereux criminels. Annie Trong-Le, décédée à l’âge de 20 ans d’une surdose de drogues récréatives, était étudiante en sciences politiques à l’Université York et offrait régulièrement ses services à sa communauté à titre de bénévole. Ces jeunes normaux proviennent de familles normales. Que se passe-t-il donc?

    Les festivals de musique connaissent une popularité grandissante. Shambhala, un festival de musique électronique qui se tient à Salmo, en Colombie-Britannique, a limité la participantion au festival à 10 000 personnes, ce qui multiplie par dix le niveau de participation au festival depuis sa création en 1998. Le festival de musique de Squamish Valley a attiré près de 10 000 spectateurs cette année. Le festival de music Basscoast, qui se tenait auparavant à Squamish, a élargi ses activité, limité le nombre de participants et s’est déplacé vers Merritt, en Colombie-Britannique.

    Cette augmentation est en partie attribuable à l’énorme hausse de popularité de la musique de danse électronique au cours des dernières années. Selon l’International Music Summer Consumer report de 2012, l’industrie de la musique de danse électronique, qui se chiffre actuellement à 6,4 milliards de dollars, est le genre musical connaissant la croissance la plus rapide aux États-Unis. Le même phénomène est observable au Canada. Les festivals qui attiraient à l’époque des artistes rock importants attirent aujourd’hui des DJ au succès phénoménal, dont Skrillex et Deadmau5.

    Indissociable de la scène musicale électronique est le MDMA, également connu sous le nom d’ecstasy ou de « molly ». Le MDMA est omniprésent dans la culture populaire. Miley Cyrus, dans un de ses «hits », chante : « We Can’t Stop», «la-di-da-da-d/We like to party/Dancing with molly/Doin’ whatever we want ». Madonna nous en a mis plein la vue cette année lorsqu’elle a impunément intitulé son nouvel album « MDNA » et demandé à ses spectateurs « Où est donc passée molly »? Ayant moi-même assisté à trois festivals cet été, il m’était impossible d’ignorer la consommation de MDMA, nettement à la hausse. Les pistes de danse des festivals, jadis jonchés de gobelets de bière, sont désormais peuplés de jeunes vêtus de couleurs fluo, qui se gavent de pilules. Avec la popularité croissante de la musique de danse électronique, la culture rave est de nouveau en plein essor, et malgré le manque général de données recueillies, il me parait évident que la consommation de MDMA et de drogues récréatives est à la hausse.

    Ironiquement, le problème n’est pas que les jeunes consomment du MDMA, mais bien que ce qu’ils consomment n’est PAS du MDMA. Sous forme pure et non contaminée, le MDMA augmente la production du neurotransmetteur sérotonine dans le cerveau, ce qui crée un sentiment d’extase, de confiance et de rapprochement et, bien que fortement disputées, les données factuelles donnent à penser qu’il est peu probable que les effets du MDMA pur puissent entraîner la mort (certains laboratoires étudient même le potentiel thérapeutique du MDMA). Le problème est que le MDMA, généralement disponible sous forme de gélule ou de comprimé, est souvent imprégné de substances plus dangereuses, telles que les amphétamines, la cocaïne ou d’autres dérivés dangereux du MDMA, tels que la PMMA. Ces substances, plus particulièrement lorsqu’ingérées à l’insu du consommateur, peuvent provoquer des crises cardiaques, de l’hyperthermie et des convulsions, parmi d’autres symptômes possibles. La plupart des surdoses mortelles de drogues récréatives impliquent en fait des consommateurs ayant ingéré à leur insu des substances dangereuses qui leur étaient inconnues.

    Il est impossible pour la plupart des consommateurs de drogues récréatives de savoir exactement ce qu’ils consomment. Même après avoir consommé plusieurs fois avec succès des drogues récréatives, une seule dose de drogue contaminée peut provoquer une mort subite et imprévue. Maintenir une ferme approche « anti-drogues » n’empêchera pas les jeunes de consommer des drogues. Et il est tout simplement inacceptable que la mort fasse partie intégrante du milieu des festivals. Nous devons trouver des alternatives plus sûres pour les consommateurs de drogues. Sinon, la situation ne fera que s’aggraver.

    Certains organismes ont déjà commencé à prendre le contrôle. Au festival Shambhala, l’AIDS Network Kootenay Outreach and Support Society (ANKORS, ou le réseau de soutien et de sensibilisation au SIDA de la région Kootenay) a installé un kiosque gratuit de dépistage des drogues inconnues (Et ça fonctionne! Consultez les statistiques ci-dessous). Le Trip Project de Toronto et Dance Safe de San Francisco informent, sensibilisent et exercent des activités de dépistage de drogues auprès des festivaliers adeptes de musiques de danse électronique, pour leur permettre d’accroître leur sûreté et d’approfondir leurs connaissances en matière de drogues. Plusieurs festivals offrent des « espaces de recueillement » où les consommateurs de drogues qui se sentent dépassés ou mal à l’aise peuvent se reposer dans un environnement non critique où travaillent des professionnels des soins d’urgence. Bien que la plupart des festivals déclarent clairement qu’ils ne favorisent pas la consommation de drogues, ils indiquent clairement où trouver de l’aide en cas de besoin. Les programmes de réduction des méfaits surgissent un peu partout dans le milieu des fêtes branchées.

    Mêmes les petites avancées en faveur de la réduction des méfaits peuvent apporter de grands changements. Un meilleur accès aux trousses de dépistages dans les festivals et les fêtes branchées doit devenir la norme. L’Université de l’Alberta travaille déjà à l’élaboration de trousses de dépistage rapide, conçues pour aider les autorités à contrôler la composition des drogues de rue. Des tests améliorés de dépistage de drogues pourraient aider à éliminer les trafiquants de drogues malhonnêtes qui ajoutent des substances dangereuses à leurs produits, ce qui permettrait d’accroître la sûreté des consommateurs. De même, une meilleure éducation à la consommation de drogues, dispensée au foyer et à l’école par des adultes en qui les jeunes ont confiance, peut aider les jeunes à faire des choix plus sûrs.

    En vérité, le monde des fêtes branchées est en plein changement. Les jeunes perdent la vie. L’heure est venue de songer à leur sécurité.

    *****

    Ankors établit des statistiques à chaque année, fondées sur les résultats de leurs activités de dépistage de drogues recueillis lors du festival de musique Shambhala. Les statistiques suivantes ont été recueillies au cours du festival de 2013.

    Nombre total de tests de dépistage : 2 254
    Nombre de drogues éliminées après le test : 155 (6,8%)
    Nombre de tests effectués sur des comprimés de MDMA ayant révélé la présence de MDMA : 1 302
    Nombre de tests effectués sur des comprimés de MDMA n’ayant pas révélé la présence de MDMA : 339
    Taux d’échec des comprimés de MDMA : 21%
    Échantillons de kétamine ayant révélé la présence de kétamine : 158
    Échantillons de kétamine n’ayant pas révélé la présence de kétamine : 63
    Taux d’échec des échantillons de kétamine : 29%
    Substances étrangères : 91
    PMMA : 77

    Source: Alexandra Pozadzki, Globe and Mail

  • Les politiciens d’un bout à l’autre du Canada souffrent d’un Abus de politique en matière de drogues

    Les politiciens d’un bout à l’autre du Canada souffrent d’un Abus de politique en matière de drogues

    Une nouvelle affection psychiatrique invalidante a été reconnue aujourd’hui par la Coalition canadienne des politiques sur les drogues. Malheureusement, plusieurs politiciens sont atteints de ce mal, que l’on a baptisé l’« Abus de politique en matière de drogues ».

    Vous avez sans aucun doute observé les symptômes. Ces politiciens qui résistent au changement et écartent les données probantes. Qui persistent à se montrer « sévères » et à envoyer un message répressif. Qui refusent d’examiner les différentes approches envisageables en ce qui concerne les politiques sur les drogues, malgré l’abondance de preuves démontrant les retombées physiques, psychologiques et sociales défavorables de notre approche actuelle envers les drogues, qui perdure depuis des décennies.

    Tels sont les symptômes de l’Abus de politique en matière de drogues. Et la CCPD a lancé une campagne pour sensibiliser les citoyens à cette maladie invalidante.

    Consultez le site Web de la campagne ici.

    La bonne nouvelle, c’est qu’il existe un traitement efficace pour ceux qui reconnaissent avoir un problème en ce sens. Il suffit de garder l’esprit ouvert et de reconnaitre que l’élaboration de politiques bien orientées, peu importe l’enjeu, nécessite un dialogue franc et ouvert, éclairé par des données probantes. Comme le fait que les services de réduction des risques et les interventions réglementaires améliorent l’espérance de vie et augmentent la probabilité que les consommateurs problématiques de drogues suivront un traitement. Et que le taux de consommation de drogue n’augmente pas dans les juridictions où les drogues ont été décriminalisées ou légalisées.

    Heureusement, certains individus de diverses allégeances politiques sont prêts à entamer le dialogue. Les parlementaires fédéraux en faveur de la légalisation du cannabis incluent non seulement le chef libéral Justin Trudeau, mais également le député conservateur Scott Reid et la leader adjointe du NPD, Libby Davies. Le NDP soutient la décriminalisation du cannabis depuis 40 ans, une politique officielle qui a été réaffirmée par le leader actuel du parti, Thomas Mulcair. Le Parti Vert d’Elizabeth May appuie la légalisation de la marijuana et désire engager une consultation publique au sujet de la décriminalisation de toutes les drogues illicites. De même, le député libéral de l’Ile du Prince Edouard, Wayne Easter, soutient que les sites d’injection supervisés sont nécessaires et appuie la mise en place d’un cadre réglementaire en ce qui concerne les drogues illicites, puisque « les lois actuelles en matière de drogues ne fonctionnent pas. »

    Au niveau provincial, la chef du parti Wildrose Alliance de l’Alberta, Danielle Smith, est en faveur de la décriminalisation du cannabis. En Colombie-Britannique, le succès d’Insite, le site d’injection supervisé de Vancouver, dans la prévention de la transmission du VIH et autres infections à diffusion hématogène, la réduction des risques de surdose et la mise en rapport des consommateurs de drogues avec les services appropriés.  Et les anciens procureurs généraux Kash Heed et Geoff Plant parlent ouvertement du besoin de réglementation en ce qui concerne le cannabis en Colombie-Britannique et au Canada.

    Au plan municipal, l’ancien maire de Vancouver Larry Campbell a fait campagne en préconisant la mise en place de sites d’injection supervisés et certains conseillers municipaux de Toronto ont exercé des pressions pour que de tels sites soient implantés dans leur ville. Huit maires de Colombie-Britannique, y compris celui de Vancouver, Gregor Robertson, ont réclamé l’élaboration de nouveaux règlements portant sur le cannabis au Canada. Le maire de Thunder Bay (et ancien officier de police), Keith Hobbs, en a fait de même.  Les conseillers et les maires ayant assisté à la convention de 2012 de l’Union des municipalités de la Colombie-Britannique ont adopté une résolution exigeant que les niveaux appropriés de gouvernement « décriminalisent la marijuana et établissent une politique de recherche, de fiscalité et de réglementation de la marijuana.

    À l’internationale, les politiciens européens appuient activement les efforts de réduction des risques et les dirigeants latino-américains exigent des alternatives à la criminalisation et aux actions strictement punitives ayant été mises en oeuvre au cours des 40 dernières années. L’Uruguay projette de légaliser la consommation adulte du cannabis. Plus près de chez nous, deux états américains (le Colorado et l’état de Washington) ont fait de même, par l’entremise de votes au scrutin adoptés grâce en partie à l’appui de certains hauts fonctionnaires. Il est certain que d’autres états en feront de même.

    L’idée est que les politiciens n’ont pas à souffrir d’Abus de politique en matière de drogues. Certaines juridictions explorent des solutions de rechange à la lutte contre la drogue. Le dialogue a été entamé.  Malheureusement, plusieurs politiciens canadiens craignent ce dialogue et ont du mal à envisager des approches différentes.

    Alors pour ceux qui s’en remettent à des théories dépassées, le temps est venu de discuter! Consultez le site Web de la campagne et signez l’engagement à communiquer avec vos représentants élus, s’ils souffrent d’un problème d’Abus de politique en matière de drogues. Le site de la campagne met à votre disposition des outils vous permettant de diffuser des messages Twitter aux chefs des partis politiques nationaux, dans le cadre d’un plus vaste dialogue visant à guérir ce mal dont souffre notre pays.

    Nous vous invitons donc à consulter les détails de la campagne, à visionner les vidéos et à passer le mot à vos amis.

  • Canada is ignoring easy, ways to prevent overdose deaths…

    Canada is ignoring easy, ways to prevent overdose deaths…

    This article first appeared as an op-ed in the National Post, October 22, 2014

    A particularly potent batch of heroin recently resulted in 31 overdoses at Vancouver’s Insite safe injection clinic. The facility proved its value yet again, as staff applied immediate treatment and ensured none of the victims died. But what about those who can’t access Insite? In 2013, 308 people died in British Columbia due to illicit drug overdoses, the majority of which were opioid-related.

    Canada-wide, we can only speculate about the total numbers because there is no national database tracking overdose deaths. But the numbers we do have, from a patchwork of provincial data and news reports, tell us that far too many Canadians are dying from an entirely preventable phenomenon. And not preventable in the sense of “well, if people didn’t use drugs, there wouldn’t be overdoses.” While that’s essentially true, we know people will use drugs. One hundred years of prohibition hasn’t stopped that.

    No, these deaths are preventable thanks to easy-to-implement, non-controversial policy changes at our disposal.

    The most pragmatic and immediately effective remedy would be to improve access to naloxone, a 40-year old medication that, when administered during an opioid overdose, reverses the effects of the drug. It has no narcotic effect and people cannot become dependent on it.

    Currently, naloxone is used predominantly by ambulance and medical staff — like those at Insite — but we could save countless more lives if it were available to those most likely to be with someone experiencing an overdose. Eighty-five percent overdoses occur in the presence of others, often in the home. For this reason, naloxone should be included in provincial drug plans and made available over the counter.

    In addition, we should scale up existing “take-away naloxone programs” to increase the distribution of overdose response kits among people trained to prevent, recognize and respond to overdoses. Streetworks in Edmonton pioneered this programming in Canada, and similar initiatives have spread throughout the country. The most robust program — Take-Home Naloxone (THN) — was established at the B.C. Centre for Disease Control in 2012. THN operates in 51 sites, from large urban hubs like Vancouver and Surrey, to smaller rural centres such as Cranbrook, Campbell River and Fort St. John. More than 2,200 people have been trained, including staff and volunteers at health and social service agencies, as well as friends and family members of people who use drugs. THN has dispensed more than 1,200 kits, and 125 overdoses have been reversed.

    Clearly naloxone is a life-saver, but reducing barriers to its access and providing training are just part of a comprehensive overdose response. We also need to immediately implement appropriate guidelines for opioid prescriptions, improve national data collection on overdose events, and reduce barriers to calling 911 during a drug overdose. Again, most overdoses occur in the presence of other people. Though witnesses to heart attacks rarely hesitate to call 911, witnesses to an overdose often lose precious minutes wavering over whether to call for help — if they make the call at all. They may fear arrest, the loss of custody of children, or judgment from friends and family.

    This would be resolved by the passage of Canadian 911 Good Samaritan legislation — so called because it provides protection from arrest and prosecution for drug possession if the evidence is obtained as a result of the person calling 911. In the last four years, 11 U.S. states have passed some form of this legislation, often with bipartisan and near-unanimous support.

    Such legislation recognizes that accidental drug overdose is a health issue that doesn’t merit attention from the criminal justice system. Indeed, public health imperatives should drive all policy relating to overdose response.

    While much of the responsibility for this issue rests at the local and provincial level, ultimately the federal government plays an important leadership role in setting the overall tone and guiding any national strategy. At the 2012 annual meetings of the United Nations Commission on Narcotic Drugs, delegates passed a resolution recommending that member states include effective elements for the prevention and treatment of overdose in national drug policies, including the use of naloxone. Although the Canadian delegation supported this resolution, and despite the simplicity of implementing such programs and policies, to date the government has not acted on this matter. It’s time for that to change.

  • Prendre le contrôle : sur la voie de politiques efficaces en matière de drogues

    Prendre le contrôle : sur la voie de politiques efficaces en matière de drogues

    Aujourd’hui, la Commission globale de politique en matière de drogues a publié le rapport Prendre le contrôle : sur la voie de politiques efficaces en matière de drogues. Le rapport demande aux gouvernements de réorienter les politiques mondiales sur les drogues, de prendre certaines mesures immédiates pour résoudre les problèmes liés aux drogues, et de ne pas reculer devant le potentiel de transformation d’une réglementation responsable comme solution à plus long terme. Les recommandations surviennent au moment où de plus en plus de gouvernements reconnaissent que l’approche traditionnelle de la « guerre aux drogues » a échoué, et que de nouvelles approches sont nécessaires. Reconnaissant ces faits, l’Assemblée générale des Nations Unies a convoqué une session extraordinaire (SEAGNU) sur les drogues en 2016 afin de discuter de solutions au problème mondial des drogues. Lors de la SEAGNU et à d’autres assemblées diplomatiques, le rapport invite les délégués de l’ONU à garder à l’esprit le mandat des Nations Unies, assurer la sécurité, les droits de l’homme et le développement.

    Les membres de la Commission sont notamment l’ancien président du Brésil, Fernando Henrique Cardoso, l’ancien président du Mexique, Ernesto Zedillo, l’ancien président de la Colombie, César Gaviria, l’ancienne présidente de la Suisse, Ruth Dreifuss, Richard Branson et d’autres. Dans le cadre du lancement, les commissaires vont rencontrer le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, et le secrétaire général adjoint des Nations Unies, Jan Eliasson, pour présenter les recommandations du rapport.

    Leurs recommandations sont les suivantes :

    – Assurer avant tout la santé et la sécurité des collectivités requiert une réorientation fondamentale des priorités et des ressources en matière de politiques, qui permettrait d’abandonner les mesures punitives inefficaces au profit d’interventions sanitaires et sociales éprouvées.

    – Assurer un accès équitable aux médicaments essentiels, en particulier les analgésiques à base d’opiacés.

    – Cesser de criminaliser l’usage et la possession de drogues – et cesser de « traiter » de force des personnes dont la seule infraction est l’usage ou la possession de drogues

    – Appliquer d’autres options que l’incarcération pour les acteurs non violents du bas de l’échelle du trafic de drogue, tels les fermiers et les passeurs, entre autres personnes engagées dans la production, le transport et la vente de substances illégales.

    – Viser en priorité une réduction du pouvoir des organisations criminelles et de la violence et l’insécurité engendrées par la concurrence entre elles ainsi qu’avec l’État.

    – Permettre et appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés de drogues actuellement interdites, en commençant, sans s’y limiter, par le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psychoactives.

    – Profiter de l’occasion offerte par la SEAGNU de 2016, qui approche à grands pas, pour réformer le régime mondial des politiques en matière de drogues.

    Vous pouvez consulter le rapport intégral ici.

  • Preventing music-festival drug deaths must go beyond saying ‘just say no’

    Preventing music-festival drug deaths must go beyond saying ‘just say no’

    This article first appeared as an op-ed in the National Post, August 20, 2014

    It’s summertime, so we can count on this unfortunate fact: Young Canadians will die or become seriously ill because of drug use at music festivals. Earlier this month, three deaths and dozens of cases of illness were attributed to drugs at the VELD festival in Ontario and Boonstock in BC. And the resurgence of large-scale, camp-out music events — especially EDM (electronic dance music) festivals — means these incidents will only become more common.

    The conventional response to these tragedies is predictable and ineffective. We tend to blame the individuals for making bad choices and trumpet the “just say no to drugs” mantra.

    But there’s a better way. For starters, we need to acknowledge that drug use is not going away. Which isn’t to say we should condone it or encourage it. However, it’s naïve to think that we can eliminate drug use at music festivals, or anywhere, for that matter.

    So let’s make it safer. The world is full of instructive solutions to the problems we face: Canadian youth are not unique in supplementing their partying with psychoactive substances. In the Netherlands, Switzerland, Portugal, Colombia, Spain and Austria, authorities have developed “safer parties” strategies to help concert-goers determine if the pills they are about to ingest are as advertised.

    In Austria, for example, ChEckiT project workers attend large music events and offer professional drug testing for purity and accurate labelling, which provides results within 30 minutes. It’s part of an integrated drug-checking service that includes information, individual counselling, crisis intervention, group discussions, telephone hotlines, and educational videos on drug-related themes. Colombian NGO Accion Tecnica Social has initiated a similar program in that country.

    Other countries provide continuously available street-level testing facilities. One example is the Dutch Ministry of Health’s Drug Information Monitoring System (DIMS), which began in 1988 with testing ecstasy at raves. Today, people can drop off their substances for analysis at a DIMS office, and then check on the internet a couple of days later for results. This system also gives authorities a real-time assessment of drug market trends, enabling general warnings to the community at large when warranted. Here in Canada, only police seizures and hospital visits give us that data, at which point it’s usually too late.

    None of these programs serve to endorse drug use. But they do send clear messages to young people that society actually cares about their wellbeing. Their fate doesn’t need to be conceded to the vagaries of an unregulated, potentially unsafe black market.

    Unfortunately, we don’t send these messages in Canada. Beyond broad platitudes about education and awareness, the concrete measures taken are primarily reactive rather than preventative. Public officials and police will wring their hands, warn people not to take drugs and perhaps step up attempts to go after the dealers. Event promoters will increase screening at the gate, bring in more emergency responders, and establish “chill-out tents” for those who need a break.

    All of which is perfectly worthwhile and laudable, but in the meantime, young people will die because no one in authority is willing to consider product safety as a potential solution to music festival deaths.

    Product testing isn’t complicated. It wouldn’t require any major legislation overhaul, and public-health workers could partner with existing grassroots organizations active in the space to carry it out. For example, the Toronto Raver Information Project (TRIP) already provides info and supplies around safer drug use for the perpetual cohort of partyers for whom simply “saying no” is not a realistic goal. ANKORS does similar work — including some rudimentary product testing — at B.C.’s Shambhala festival. Outside of the events themselves, police could more regularly disclose Health Canada results of the contents of substances seized at raves. Currently, they only do so in exceptional circumstances when it suits their purposes.

    Whatever the test results, however, we know from constant warnings of police and others that no drug is made safer when left in the hands of organized criminals and unregulated dealers. So as part of a product-safety regimen, we should also open a discussion about alternatives to across-the-board prohibition, like experimenting with a legal regulated market for party drugs — as New Zealand has done.

    Product testing and drug policy experimentation isn’t the same as creating a free-for-all where all drugs are available in any corner store for whoever wants them. Nor would it minimize the importance of health information and drug education and awareness programs — similar to how we approach tobacco and our favourite party drug, alcohol.

    It is simply the recognition that we have the power and knowledge to prevent unnecessary deaths at music festivals and anywhere else drugs are taken. What is holding us back?

  • Du cannabis partout!

    Du cannabis partout!

    Nous passons par une période particulièrement chargée pour toutes les questions liées au cannabis. L’une des questions les plus en vue actuellement est sans doute la légalisation de la consommation de cannabis à des fins récréatives par les états du Colorado et de Washington, aux États-Unis. Ceci a ouvert la voie à un éditorial largement acclamé du New York Times qui proclame fermement que « Le gouvernement fédéral devrait lever l’interdiction sur la marijuana ». En novembre prochain, la légalisation fera l’objet d’un vote en Alaska, en Oregon et à Washington D.C.
    Il en résulte que le président du Mexique Enrique Pena Nieto envisage de libéraliser les lois sur le cannabis, pour permettre à son pays de suivre le rythme de l’évolution de la situation américaine. Tout cela intervient après que le président Nieto et les présidents de la Colombie, du Costa Rica et du Guatémala aient persuadé l’assemblée générale des Nations Unies de convoquer une session extraordinaire (UNGASS) pour explorer d’autres solutions à la guerre inefficace contre les drogues (au Mexique seulement, on estime que 100 000 personnes ont perdu la vie ou ont été portées disparues suite à des cas de violence liés à la drogue). Plus au sud, le retard dans l’application d’un marché du cannabis légal et réglementé remet en question la mise en oeuvre de ce plan.

    Ici au Canada, de nouvelles lois sur le cannabis médicinal ont vu le jour le 1er avril. Ces lois portent à confusion et font actuellement l’objet d’une injonction. Néanmoins, le gouvernement fédéral estime que cette industrie rapportera 1,3 $ milliards en 10 ans. Il n’est donc pas surprenant que les entrepreneurs d’un bout à l’autre du pays tentent de se positionner pour s’approprier une part du marché; demandes de licences, construction de serres et réaffectation de locaux industriels inoccupés, tels qu’une ancienne chocolaterie à l’extérieur d’Ottawa.

    Le gouvernement envisage également d’apporter quelques changements à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances qui permettraient aux policiers d’émettre un constat d’infraction pour possession de petites quantités de cannabis, plutôt que de déposer une mise en accusation. Ceci pourrait représenter une avancée positive. Cependant, s’il devient plus facile pour les agents de police de traiter les délits mineurs liés au cannabis, les agents risquent individuellement d’arrêter d’utiliser leur pouvoir discrétionnaire au cas par cas et d’inscrire à leurs dossiers toutes les infractions mineures.

    Il s’agit néanmoins d’une demi-mesure comparativement à ce qui se passe ailleurs en Amérique. Plus particulièrement lorsque l’on considère le nombre de Canadiens qui estiment que la possession simple ne mérite pas l’attention des corps policiers. Même les sondages menés par le gouvernement démontrent que plus de 70 pour cent des Canadiens soutiennent que le cannabis devrait être légalisé ou décriminalisé. Peu importe… Les conservateurs semblent avoir jeté leur dévolu sur les 30 pour cent restants, dénonçant l’approche pro-légalisation de Justin Trudeau et allant jusqu’à prétendre qu’il désire que les enfants d’âge scolaire puissent se procurer du cannabis dans les dépanneurs.

    Pour couronner le tout, les américains contre la légalisation qui n’aiment pas ce qui se passe dans leur pays se sont immiscés dans le débat canadien et ont contribué au lancement du chapitre canadien de Smart Approaches to Marijuana. Il reste à voir si les Canadiens adopteront cette version diluée de la prohibition, c’est-à dire permettre un certain degré de décriminalisation tout en soutenant que le cannabis constitue une menace à la santé publique.

    Quelle sera donc la prochaine démarche? Trudeau continuera-t-il à appuyer la légalisation au moment des élections ? Comment le débat national sera-t-il touché par le retour au Canada de Marc Emery (sans doute le plus célèbre défenseur canadien du cannabis) ? À quoi pouvons-nous nous attendre de la part des groupes s’intéressant au cannabis, tels que Sensible BC, NORML Canada et autres ?

    Il est clair qu’un dialogue émerge au Canada et que l’année à venir promet d’être chargée.

    Nous avons l’intention d’occuper une place de tout premier plan dans ce dialogue. Voici ce que nous envisageons :

    Forum du cannabis médicinal de Mexico – du 22 au 23 septembre 2014
    Dans le cadre de notre programme international, la CCPD appuie les efforts du Mexique visant à introduire le cannabis médicinal dans ce pays. Nous co-parrainerons en septembre, en partenariat avec plusieurs organismes mexicains, un forum sur le cannabis médicinal à Mexico. Des experts américains et canadiens prendront part à deux réunions, l’une parrainée par le Sénat mexicain (qui étudie actuellement une loi concernant la légalisation du cannabis médicinal) et une seconde réunion tenue à l’Université nationale autonome du Mexique, pour discuter de l’état d’avancement de la recherche sur le cannabis médicinal dans les trois pays.

    Bulletin politique sur le cannabis – automne 2014
    Nous travaillons actuellement à l’élaboration d’un bulletin politique décrivant à quoi pourrait ressembler la réglementation du cannabis dans un contexte de santé publique. Ce bulletin traite de l’histoire de l’interdiction du cannabis, des méfaits possibles en matière de santé et des dommages sociaux et sanitaires des politiques sur le cannabis, suivi d’un examen des mécanismes de régulation susceptibles d’équilibrer l’incidence du cannabis sur la santé des consommateurs et la recherche de profits de la part des intérêts commerciaux.

    UNGASS – en cours
    Tout ceci mène à la session extraordinaire de l’UNGASS en 2016. L’UNGASS est une réunion spéciale des états membres de l’ONU visant à discuter des questions globales importantes, telles que la santé, le genre, la situation des enfants, etc. Le thème central de 2016 sera les priorités du contrôle des drogues au niveau mondial, et nous nous attendons à ce que le forum engendre une nouvelle approche en matière de politiques sur les drogues, soit en parvenant graduellement à un consensus global, ou, plus vraisemblablement, en faisant éclater le concept qu’un consensus à l’échelle internationale est possible.

    En prévision de l’UNGASS, nous demanderons « Quel rôle devrait jouer le Canada à l’échelle mondiale ? ». Appuierons-nous la vieille garde ? Les personnes telles que l’ancien président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants de l’ONU, qui a accusé l’Uruguay de faire preuve d’« attitude pirate » en proposant de légaliser le cannabis ? Ou nous rangerons-nous du côté des réformistes progressistes qui soutiennent que les pays devraient être libres de formuler des politiques sur les drogues (cannabis ou autre) qui reflètent les comportements et les intérêts nationaux ? Notre tâche consiste à faire en sorte que cette dernière option prévale.

  • La prévention et la gestion des surdoses d’opiacés au Canada est facile et permet de sauver des vies

    La prévention et la gestion des surdoses d’opiacés au Canada est facile et permet de sauver des vies

    En 2013, 308 personnes ont perdu la vie, en Colombie Britannique seulement, suite à des surdoses causées par la consommation de drogues illicites. Le pire, dans tout cela ? Il est tout à fait possible d’éviter les décès causés par les surdoses d’opiacés.

    Et ce, non seulement du point de vue « si les gens ne consommaient pas de drogues… les surdoses n’existeraient pas ». Parce que bien qu’au sens strict, cette affirmation soit vraie, nous savons bien que les gens consommeront toujours des drogues. Depuis un siècle, les drogues sont interdites et les personnes qui vendent et consomment des stupéfiants sont arrêtées et incarcérées. Cette approche n’a rien changé à la situation.
    Nous devons être réalistes et pragmatiques. La consommation de drogue existe et continuera d’exister. Prévenons donc les décès et les méfaits liés aux surdoses. La Coalition canadienne des politiques sur les drogues collabore avec des experts provenant des quatre coins du pays dans l’élaboration d’un ensemble de changements de politiques permettant de sauver des vies et de rendre le Canada plus sécuritaire, pour tous les citoyens.

    Cliquez ici pour télécharger : La prévention et la gestion des surdoses d’opiacés au Canada

    Au cours de l’élaboration de ce mémoire, nous avons rencontré plusieurs personnes dévouées et compatissantes impliquées dans la mise en oeuvre de programmes de première ligne de prévention des surdoses, d’un bout à l’autre du Canada. L’un des programmes d’intervention les plus pragmatiques et efficaces dans la prévention des méfaits et des décès liés aux surdoses est le programme « Take home naloxone ». Calqué sur le modèle de 180 initiatives similaires aux États-Unis, ce programme prévoit la distribution de trousses d’intervention au surdosage (communément appelées trousse Take home naloxone) à des personnes ayant reçu une formation sur la prévention, l’identification et les mesures à prendre en cas de surdose. La naloxone est un composé chimique qui existe depuis 40 ans et qui permet d’inverser les effets d’une surdose d’opiacés. Ce médicament n’a aucun effet narcotique et ne crée pas de dépendance.

    L’organisme Streetworks d’Edmonton a lancé cette initiative au Canada et des programmes semblables ont été mis en place dans l’ensemble du Canada. Le programme de prévention des surdoses le plus solide au pays (Take home naloxone) est le programme de réduction des méfaits Toward the Heart, du British Columbia Centre for Disease Control (Centre d’épidémiologie de la Colombie Britannique, ou BCCDC)

    Grâce à la participation de plusieurs organismes brittano-colombiens, le programme de naloxone s’étend sur 35 sites, des régions urbaines telles que Vancouver et Surrey, jusqu’aux plus petites villes et collectivités rurales telles que Cranbrook, Campbell River et Fort St. John. Près de 1 000 personnes ont reçu cette formation, y compris le personnel et les bénévoles travaillant dans des centres de santé et de services sociaux, ainsi que les amis et membres des familles de toxicomanes. Plus de 600 trousses ont été distribuées à des clients qui consomment des opiacés, et divers matériels didactiques sont en cours d’élaboration, afin de permettre à nos partenaires communautaires d’élargir la portée du programme. Depuis ses débuts en 2012, les effets de 55 surdoses ont été renversés.

    Bien que l’efficacité de ces programmes simples de prévention des surdoses ait été démontrée, des défis majeurs font obstacle à leur propagation. La naloxone est vendue uniquement sur ordonnance, elle est coûteuse et ne fait pas partie de la liste de médicaments couverts par les régimes provinciaux d’assurance-médicaments. Un défi encore plus important est l’absence d’une Loi nationale du bon samaritain, qui empêcherait les personnes d’être mises en état d’arrestation et inculpées pour possession de drogues, lorsqu’elles demandent de l’aide en cas d’urgence. Onze états américains ont adopté des Lois du bon samaritain, souvent avec l’appui bipartite des législateurs.

    Nous espérons que cet énoncé de politiques contribuera à éliminer les obstacles aux programmes de prévention des surdoses. Voilà la solution la plus réaliste de prévenir les décès causés par les surdoses d’opiacés.