Hier soir, le juge retraité du Yukon Barry Stuart, un ardent défenseur de la justice réparatrice , a tenu un dialogue au sujet du projet de loi C-10 dans une salle de comité dans l’édifice du Centre sur la colline du Parlement à Ottawa.
Parmi les participants se trouvaient des représentants de la Société John Howard du Canada, l’Armée du Salut, l’Association des mères somaliennes, les Victimes d’actes criminelles, Penal Reform International et d’autres organisations et individus qui ont une expérience personnelle avec les établissements correctionnels et le système de justice pénale. Le sénateur James Cowan, membre du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles, y était aussi présent.
Avec plus de 30 personnes présentes, chaque commentaire et sujet soulevé par les participants aurait pu entraîner toute une discussion d’eux-mêmes. Cependant, quatre thèmes clés ont émergé lors de la soirée.
M. Stuart et Eva Marszewski, de Peacebuilders International Canada, ont démarré la discussion en parlant du besoin d’impliquer les communautés dans les enjeux liés à la justice. Mme Marszewski a expliqué comment Peacebuilders ont créé un programme pilote qui amène les délinquants à participer dans les cercles de discussion avec les membres de la communauté. Ceci permet à la communauté de décider ce que devrait faire le délinquant afin de réparer ses torts et de rendre des comptes. Ce projet a si bien réussi que les tribunaux provinciaux ont entièrement financé un bureau pour leur travail au centre-ville de Toronto.
Barry Stuart a ajouté aux points de Mme Marszewski en disant que 75% de sa charge de travail quand il était juge aurait pu être traité à bien meilleur marché par des experts de la santé et membres de la communauté concernée.
Un des thèmes de la soirée portait sur la démocratie participative qui, selon M. Stuart, vise à « créer un lieu sûr pour permettre à une communauté de faire le travail pour en faire une communauté ». Il y avait certes plusieurs personnes à la table qui avouaient ne pas être experts dans cette approche; toutefois, M. Stuart a répété qu’il s’agit d’un enjeu pour la société civile, un enjeu des droits de la personne , et que tous possède une expertise dans la compréhension humaine.
Un autre thème de la soirée fut la « dépendance à la punition », tel que nommé par un représentant de l’Église Unie. L’idée que l’incarcération est équitable à la vengeance de la victime semble être enracinée dans les valeurs et les systèmes de croyance de beaucoup de citoyens. Mais comme certains l’ont fait remarquer, les victimes sont souvent simplement à la recherche d’une prise de responsabilité, et ne voient pas d’autre alternative au système de justice pénale. Pourtant, de nombreux partisans de peines plus sévères ne sont pas conscients des méthodes alternatives, telle que l’approche Gladue , qui à la fois économise de l’argent et réduit le récidivisme.
Dans l’ensemble, il a été convenu qu’une conversation difficile, nébuleuse et moralement difficile se concentrant sur le but du système de justice devrait être entamée. Cet effort devrait viser à comprendre ce qu’est la vraie justice, ce que sont les effets des crimes et ce qui motive les délinquants.
Le plus grand thème de la discussion futles problèmes que créera le projet de loi C-10. Des enjeux tels que les craintes relatives à la surpopulation carcérale, un système de justice encore plus bouché, des coupures budgétaires aux communautés et aux programmes de prévention déjà inadéquats, la pression croissante à Ottawa en faveur de la privatisation des prisons, ainsi que comment les victimes et délinquants deviendront davantage victimes plus les coupures financières réduiront l’accès à la justice, ont tous été discutés.
Il n’y avait pas beaucoup d’optimisme dans l’air, puisque le projet de loi C-10 est presqu’assuré de passer et de commencer à contribuer directement à ces problèmes. Cependant, cette discussion a aussi mené au dernier thème de la soirée : l’unité.
L’énorme quantité de problèmes que tant de groupes entretiennent avec le projet de loi C-10 a semblé unir les gens. Beaucoup de militants de longue date ont estimé que même il y a cinq ans, un tel groupe diversifié de personnes et d’organisations ne serait pas ensemble dans la même pièce. M. Stuart a décrit à quel point il était tanné que tout ces groupes se rencontrent dans une salle, se font remonter le moral, et ensuite retournent à leurs communautés respectives. M. Stuart a noté qu’il y a de nombreux législateurs et citoyens ordinaires qui ont « des fissures de doute » par rapport au projet de loi C-10.
Il a déclaré qu’il était temps de monter une organisation nationale de justice réparatrice qui pourrait exploiter efficacement ce mouvement diversifié de solutions de rechange à la justice pénale et créer de nouveaux aperçus pour ceux qui y jettent un coup d’œil sobre.