Author: Donald MacPherson

  • Les chefs d’État de l’hémisphère changeront-ils de cap au sujet des politiques sur les drogues?

    Les chefs d’État de l’hémisphère changeront-ils de cap au sujet des politiques sur les drogues?

    Cet hiver, la Coalition canadienne des politiques sur les drogues a été invitée, aux côtés de 45 autres représentants gouvernementaux, d’entreprises et d’organisations de la société civile, à participer à un processus visant à élaborer divers scénarios sur ce qui pourrait se produire dans l’hémisphère dans le domaine des drogues et des politiques sur les drogues, au cours des 15 années à venir.

    L’engagement à entreprendre un tel exercice de réflexion prospective a été pris par les dirigeants présents au 6ème Sommet des Amériques tenu à Carthagène, en Colombie, en 2012, où ils ont convenu d’examiner les approches actuelles utilisées pour les drogues illicites et d’envisager les alternatives possibles en matière de législation sur les drogues dans la région. Grâce à un processus de planification de scénarios à vaste impact de transformation, un éventail diversifié de participants s’est réuni pour élaborer divers scénarios racontant l’histoire de ce qui pourrait se produire dans les 15 années à venir – plutôt que ce qui devrait se produire, ou ce que nous souhaitons voir se produire – dans le domaine des drogues et des politiques sur les drogues. L’OEA a également rédigé un rapport analytique qui se penche sur la situation sur le terrain.

    L’engagement à entreprendre ce processus découle de l’urgence exprimée par les chefs latino-américains au cours de la dernière année, en réponse à l’escalade des niveaux de violence dans la région. Depuis plusieurs années, les voix des dirigeants politiques d’Amérique latine passés et présents, insistent à ce que les politiques sur les drogues soient révisées, suite aux décès et à la destruction liés à la guerre continue contre les drogues. Même le prudent et conservateur Premier Ministre canadien, Stephen Harper, a déclaré qu’« il est clair que ce que nous faisons ne fonctionne pas », lors de la conférence de presse de clôture du sommet. Il n’est pas seul à constater ceci.

    Les dirigeants siégeant en Colombie, en Uruguay, au Guatemala, ainsi que les anciens dirigeants du Mexique, du Brésil et de la Colombie, ont tous réclamé un dialogue sur des approches alternatives tenant compte des règlements régissant les drogues, de la décriminalisation et du passage de la culture illégale du pavot et du coca vers des régimes de culture légale à usage médical et industriel. Des changements majeurs sont-ils réellement à prévoir, ou s’agit-il d’une ouverture politique qui se fermera dès qu’un changement de dirigeant se produira? Ce dialogue est un processus continu et l’engagement pris par l’OEA d’entreprendre l’élaboration de scénarios est un point de départ encourageant. Mais où cela nous mènera-t-il?

    Le 15 mai, l’OEA publiera son rapport analytique et quatre scénarios élaborés lors du processus de planification seront divulgués. Cette publication constitue un autre jalon sur la route de la réforme des politiques sur les drogues dans l’hémisphère et les scénarios présentés fourniront une ouverture pour le dialogue et la participation du public au sujet des politiques futures sur les drogues dans la région. La publication de ces scénarios est le prochain événement d’une série d’occasions qui se présenteront au cours des 3 années à venir et susceptibles de provoquer un changement réel au niveau de la lutte anti-drogue.

    En début juin, une rencontre des ministres des affaires étrangères aura lieu, visant à discuter et à rédiger une déclaration qui permettra de renforcer et mettre à jour les politiques sur les drogues dans la région, notamment en étudiant certaines approches alternatives. En 2014, les Nations Unies achèveront la révision de mi-parcours du Plan d’action de haut niveau élaboré par la Commission des stupéfiants de 2009. En 2015, le prochain Sommet des Amériques aura lieu à Panama, offrant aux dirigeants la possibilité de contribuer réellement à une nouvelle approche sur les politiques sur les drogues. Et en 2016, l’Assemblée générale des Nations Unies tiendra une session extraordinaire portant sur les politiques sur les drogues à New York. La route devant nous présente un certain nombre de possibilités critiques qui permettra aux politiciens de faire preuve de leadership et de soutenir les efforts visant à tirer parti d’idées et d’approches novatrices. Reste à voir s’ils sauront mobiliser le soutien et le courage de le faire.

    Pour vous tenir au courant des activités de la CCPD à l’étranger, inscrivez-vous à notre liste de diffusion. Et si vous souhaitez soutenir nos efforts pour mettre fin à la lutte anti-drogue, songez à faire un don.

  • Lire entre les lignes à la 56ième session de la Commission des stupéfiants

    Lire entre les lignes à la 56ième session de la Commission des stupéfiants

    Screen-Shot-2013-03-27-at-3.11.16-PMJe m’attendais pleinement à ce que la 56ième session de la Commission des stupéfiants (CND) soit aussi déprimante que celles auxquelles j’ai assisté au cours des dernières années. Avec tant d’organisations travaillant pour changer les politiques sur les drogues au niveau mondial et pour recentrer l’attention sur les torts causés par les politiques globales sur les drogues au niveau des individus, des familles, des communautés et des pays, participer à la CND signifie bien souvent être confronté à la réalité de la lenteur, parfois extrême, à laquelle les changements se produisent dans ce forum international traitant des politiques sur les drogues.

    Dès le début de la session, il est devenu évident qu’il y avait quelque chose de nouveau dans l’air. D’une part, le «buzz» habituel entourant le spécialiste américain en drogues n’était étrangement pas au rendez-vous; son budget de déplacement ayant subi de sérieuses coupures, Gil Kerlikowski est donc resté chez lui cette année. Pas si mal, compte tenu que son service de rédaction de discours aurait eu du mal à expliquer la situation récente au Colorado et à Washington, où les électeurs ont adopté des résolutions visant à mettre en oeuvre un régime juridique concernant l’utilisation personnelle du cannabis par des consommateurs adultes.

    Eva Morales, Président de l’État plurinational de Bolivie, dans son allocution d’ouverture devant la Commission, a remercié les délégués d’avoir permis à la Bolivie de se joindre à nouveau aux conventions, ajoutant une réserve respectant la constitution bolivienne qui soutient l’utilisation de la feuille de coca dans le cadre du patrimoine culturel bolivien. Le Président Morales a ensuite demandé s’il y avait une certaine tension dans la salle, possiblement liée au fait que « la guerre contre les drogues a échoué de manière globale ? » Il a par la suite dénoncé les USA pour avoir essayé de forcer la Bolivie à limiter sa production de coca en faisant des menaces et en liant l’éradication du coca à la construction d’écoles durant les années 80. Les paroles de M. Morales étaient particulièrement percutantes, du fait qu’il a clairement fait remarquer que les efforts déployés pour contrôler le trafic de drogue sont étroitement liés aux autres objectifs géopolitiques de « maîtrise » et de « domination ». De telles déclarations audacieuses sont rares dans le forum public de la CND.

    Les remarques préliminaires du Directeur de l’ONUDC, Yuri Fedetov, furent un intéressant mélange de l’ancien et du nouveau. Tout en affirmant qu’un certain progrès a été réalisé au niveau du problème global des drogues, Fedetov a reconnu que la politique internationale sur le contrôle des drogues ne peut être isolée des améliorations nécessaires au niveau des services liés au VIH, ni ignorer la discrimination et le manque de services fondés sur des données probantes pour les consommateurs de drogues. Pendant la session consacrée à la société civile en compagnie du Directeur, Fedetov était animé et semblait très ouvert à la franchise de la discussion durant cette session, pendant laquelle un certain nombre de questions centrées sur la réforme des politiques sur les drogues ont été abordées.

    Le Ministre du revenu néo-zélandais, Peter Dunne, une véritable cure d’oxygène, a expliqué à la Commission la nouvelle législation innovatrice qui sera présentée devant le parlement de la Nouvelle Zélande cet automne, et qui portera sur les nombreuses substances psychoactives nouvelles apparaissant quasi quotidiennement, et dont les traités ne tiennent pas compte. En vertu de la législation proposée, la Psychoactive Substances Bill (Loi sur les substances psychoactives), toutes ces nouvelles substances seront interdites, à moins que le fabricant ne puisse prouver qu’elles ne présentent aucun risque plus que minimal. Plutôt que d’interdire immédiatement toute nouvelle substance, le gouvernement néo-zélandais prévoit transférer la responsabilité à l’industrie, pour que celle-ci garantisse la sûreté de ses produits. Si ces produits passent le test, ils seront incorporés à un calendrier règlementaire permettant la vente au détail de tels produits, sous réserve de certaines conditions. Lorsqu’on lui a demandé comment ce régime a été reçu par les autres délégations, le ministre Dunn a déclaré que la législation proposée a suscité beaucoup d’intérêt et que les autres pays surveillent attentivement les résultats.

    La révision globale des politiques sur les drogues dans l’hémisphère occidental, ordonnée lors du dernier Sommet des Amériques en avril 2012 auprès de l’Organisation des États Américains, a également suscité un grand intérêt, maintenant que les attentes s’intensifient en vue de la conclusion prochaine de la révision au cours des mois à venir.

    Dans l’ensemble, la CND a connu des moments intéressants cette année, si l’on peut lire entre les lignes et porter une oreille attentive aux bourdonnements qui régnaient en coulisse. Mon opinion est qu’il existe une reconnaissance implicite, sinon explicite, que le paysage politique en matière de drogues est en effet en pleine évolution, que de nouvelles approches sont maintenant considérées et que divers pays exigent désormais un débat plus large sur les politiques en matière de drogues. Il est crucial que de telles discussions soient accueillies comme étant une occasion importante lors des prochaines réunions de la Commission, afin d’assurer la pertinence continue de la CND.

  • A Seismic Shift in Drug Policy

    A Seismic Shift in Drug Policy

    Watching the vote in last night in the U.S. was quite an amazing experience. We watched history being made yet again and not just with the re-election of America’s first black president.

    Yes, a second term for Obama was a rare feat given the poor economic situation in the U.S. and the vulnerability that brings for an incumbent president. A second term for Obama is without a doubt a historical event. But there was more – there was a seismic shift in the world of drug policy. In the belly of the beast of the war on drugs, in the country that historically has promoted a vigorous global assault on drugs and drug users, citizens of Washington state and Colorado sunk a wedge a mile wide into the monolithic paradigm of drug prohibition. In both states the voters have overwhelmingly supported the regulation of marijuana for adult use.

    Prohibition is upheld by a global consensus enshrined in international drug treaties. Much like the mortar that held the Berlin Wall together, it holds fast as long as no one challenges the logic of the system in a significant way. As long as things stay the same and no one has the courage to confront the absurdity of the status quo, the status quo prevails. But once the wall starts to be dismantled by ordinary citizens and the authorities stand aside, it is over. The mortar crumbles like dust. What was inconceivable only a few years ago seems like common sense today. Just like that wall in Berlin came tumbling down on November 9th, 1989, prohibition is collapsing before our eyes. The citizens of the U.S. have peacefully voted to overthrow the tired and worn out policy of drug prohibition and common sense has prevailed. It’s about time.

    There are many questions about how these two states will move forward and actually implement the regulations they have proposed. As they say, the devil is in the details. But that’s the grinding day-to-day work of finding the best regulatory regime that meets the many competing goals that are important to our communities – public health, public safety, civil liberties, education about the harms and benefits of substance use and the stewardship of our youth within a culture that has so many mixed messages around drug use. This is important work that we believe will improve the quality of life in those states that made this decision to move forward. The fact that resources will be focused on how to best regulate marijuana rather than whether to regulate this ubiquitous product is the most important point for those of us in Canada.

    Now that the U.S. has opened the door and started down that path towards regulation, the old excuse that Canadian politicians always use – that we can’t change anything until the Americans do, is gone. So let’s get on with it.

  • Nouvelles directions pour les politiques sur les drogues à Bogota, Colombie

    Nouvelles directions pour les politiques sur les drogues à Bogota, Colombie

    Les 5 et 6 septembre, j’ai eu l’occasion de participer à un dialogue public portant sur les politiques en matière de drogues à Bogota, en Colombie, une initiative du maire Gustavo Petro Urrego : Conversatorio 2012 sobre : « Nouvelles solutions d’interventions dans la consommation de drogues et de substances psychoactives. »

    Ce fut une rencontre étonnante, qui m’a beaucoup rappelé le temps où j’étais à la Ville de Vancouver, où j’ai eu l’occasion de travailler avec le maire de l’époque, Philip Owen en 2001, quand il a lancé la stratégie des quatre piliers de la Ville de Vancouver par une série de dialogues publics permettant aux gens rassemblés d’échanger leurs opinions sur sa proposition visant à s’attaquer aux problèmes de drogue de Vancouver.

    Dans le magnifique auditorium de l’hôtel de ville de Bogota, toute la journée, nous avons écouté des experts internationaux, des universitaires, des représentants de la santé publique, et lemaire lui-même, et tous ont parlé de solutions éventuelles au sérieux problème de drogue de Bogota.

    Une grande différence entre le processus de Vancouver et celui qui s’est déroulé à Bogota est la rapidité avec laquelle le changement se produit en Colombie. Le maire Gustavo Petro Urrego a décidé que sa belle ville dans les montagnes a besoin d’idées neuves et de bouger rapidement pour mettre en œuvre les nouvelles approches aux problèmes de drogue de Bogota. Le maire Petro parle de créer une nouvelle démocratie où les gens aux prises avec des problèmes de toxicomanie sont inclus dans la société et ont de nouveau droit de parole, pour ainsi dire.

    Fin juillet, cette année, la Colombie a adopté une loi nationale décrétant que la toxicomanie est une question de santé publique et que « toute personne souffrant de troubles mentaux ou de toute autre pathologie induite par la consommation, l’abus, et la dépendance à des substances psychoactives légales ou illicites a le droit de recevoir des soins complets des Entités, notamment le Système général de sécurité sociale en santé et les institutions privées ou publiques spécialisées dans le traitement desdits troubles ».

    Cette nouvelle loi est un développement important qui fait en sorte que les réponses du gouvernement aux problèmes de drogue de la Colombie soient désormais axées sur une approche de santé et s’éloignent de la réponse traditionnelle par le système de justice pénale. Évidemment, trouver les finances pour créer un système complet est un défi majeur pour la Colombie, tout comme ce l’est ici au Canada.

    L’une des innovations que le maire Petro s’empresse de mettre en œuvre est la création d’une série de salles de consommation de drogue, dans trois secteurs de la ville. Les salles de consommation sont offertes un peu partout en Europe, dans le cadre d’une approche globale des personnes marginalisées qui utilisent des drogues. Un ensemble de données probantescroissant soutient que ces types de programmes sont un élément important d’une approche globale. Pour le maire Petro, cela démontrerait que Bogota commence à changer sa politique et à s’efforcer d’offrir de l’aide aux utilisateurs de drogues d’une nouvelle manière.

    Pendant 30 ans, les autorités de Bogota ont tenté de régler les problèmes de drogue du centre-ville sans grand succès. En 2000, ils ont même essayé des mesures draconiennes, comme de niveler le principal quartier où se concentrait le milieu de la drogue, « El Cartucho », pour créer un nouveau parc dans l’espoir que le problème disparaisse. Malheureusement, et c’était à prévoir, les drogues sont réapparues ailleurs, mais cette fois, dans quatre secteurs différents de la ville. Au lieu d’un quartier « à problèmes », ils en avaient maintenant quatre! Ces nouveaux secteurs de la ville, El Bronx, une section de Maria Paz en Kennedy, San Bernardo et Las Cruces, sont les quatre principales zones problématiques de Bogota qui échappent en grande partie au contrôle des autorités municipales.

    El Bronx est le quartier le plus notoire et a été abandonné par les autorités. Il est contrôlé par le crime organisé et abrite des milliers de toxicomanes invétérés. El Bronx est un endroit où il est extrêmement dangereux de s’aventurer si vous ne faites pas partie du milieu de la drogue d’une façon quelconque, comme utilisateur ou revendeur. Lorsque j’y étais, un policier a été tué dans El Bronx pendant qu’il enquêtait sur un incident. Les employés de la ville ont exprimé très clairement qu’ils ne voulaient pas simplement déplacer de nouveau le problème mais qu’ils souhaitaient commencer à stabiliser la situation dans ces quartiers.

    La création de salles de consommation fait partie de la stratégie du maire visant à changer la culture de ces quartiers plutôt que de les abandonner et de céder à la « mafia des drogues » locale. Il revendique l’adoption d’une approche de santé et sociale, laquelle pourrait instaurer des services de réduction des méfaits et de traitement, et offrir des options aux personnes pour quitter le milieu de la drogue. La principale drogue qui est utilisée dans la rue à Bogota est une substance appelée basuco ou pâte de coca ou paco. C’est un produit très peu dispendieux dérivé des phases intermédiaires de la production de cocaïne.

    La semaine dernière, le maire Petro a rencontré le président Manuel Santos pour discuter de ses idées de mise en œuvre des salles de consommation. Les rapports préliminaires suggèrent que la porte est ouverte à la proposition du maire de prescrire des drogues illicites aux utilisateurs dans le cadre d’un régime de traitement. Cela constituerait un moyen d’intervenir dans le marché des drogues et de s’interposer entre les personnes toxicomanes et la mafia des drogues. C’est une approche audacieuse et nous suivrons les développements à Bogota dans les mois à venir.

  • Vers une stratégie nord-américaine pour terminer la guerre contre la drogue

    Vers une stratégie nord-américaine pour terminer la guerre contre la drogue

    J’ai rencontré Javier Sicilia au musée d’anthropologie de Mexico, en février dernier, alors que j’étais à un congrès à propos des politiques sur les drogues organisé par Mexico Unido Contra la Delincuencia, un groupe de la société civile qui travaille à des stratégies de prévention du crime. Gillian Maxwell, membre de notre comité exécutif, et moi-même y sommes allés pour partager notre expérience de travail sur les enjeux des politiques sur les drogues à Vancouver, pour mieux comprendre la situation au Mexique et pour établir des liens avec les ONG mexicains et les groupes d’entreprises. Nous étions aussi enthousiastes à l’idée de rencontrer Javier Sicilia qui travaillait avec des collègues du Mexique et des États-Unis à un nouveau projet ambitieux.

    Sicilia est un poète, écrivain et journaliste reconnu qui a été propulsé sous les projecteurs lorsque son fils a été brutalement abattu à Cuernavaca, après avoir été pris dans le feu croiséentre des gangs liés aux drogues. Par cette tragédie, il est devenu l’une des dizaines de milliers d’innocentes victimes de la guerre aux drogues qui fait rage dans ce magnifique pays. J’avais entendu dire que Sicilia avait cessé d’écrire de la poésie et qu’il était descendu dans les rues, initiant de vastes manifestations dans lesquelles cent mille citoyens ont marché de Cuernavaca à Mexico, réclamant que cesse la violence liée aux drogues qui a ébranlé les fondements de la société mexicaine.

    J’ai aperçu Sicilia dans le hall du musée, et je me suis approché derrière lui, en disant son nom comme il se dirigeait vers l’auditorium du musée. Comme je ne parle pas du tout espagnol et que je savais qu’il ne parlait pas anglais, j’ignorais comment commencerait notre rencontre, si je parvenais à attirer son attention. Finalement, il m’a entendu l’appeler, s’est retourné, a tendu les bras et m’a encerclé de ses deux bras, et m’a accueilli dans son espace. Un accueil aussi enthousiaste offert à un pur étranger m’a surpris, mais au cours des heures qui ont suivi, j’ai vu que Sicilia était une personne intense, engagée qui accueillait bien des gens.

    Notre conversation était limitée mais nous avions une bonne connexion et avons convenu d’une autre rencontre avec ses organisateurs. Nous voulions leur parler de l’assemblée qu’organisait la Coalition canadienne des politiques sur les drogues avec les groupes américains et mexicains pour élaborer l’idée d’une coalition nord-américaine. La coalition collaborerait à faire ressortir les effets négatifs que nos politiques actuelles sur les drogues ont sur le Canada, les É.-U. et le Mexique, en mettant l’accent sur la façon dont la criminalisation de l’usage de drogues a créé un marché clandestin très puissant et violent dans ces trois pays.

    Sicilia était intéressé au concept d’une stratégie nord-américaine pour mettre fin à la violence au Mexique et il travaillait déjà à organiser un projet mexicain-américain, la Caravane pour la paix avec dignité et justice, qui s’apprêtait à traverser les États-Unis avec une centaine de victimes de la guerre aux drogues mexicaine.

    L’objectif principal de la Caravane est d’amener dans les rues et communautés des É.-U. la réalité à laquelle font face les Mexicains – la perte de vies, la destruction des communautés, la culture de la peur qui s’infiltre dans tant de localités, et la violence sans relâche qui sévit chaque jour.

    Dans les mois à venir, la CCPD va explorer les liens entre le Canada, les É.-U. et le Mexique, et de quelle manière ce qu’on appelle nos problèmes de drogue sont inter-reliés. Nous soutiendrons la Caravane pour la paix avec dignité et justice au moyen de notre blogue, des canaux des médias sociaux, et en nous rendant à Baltimore, Maryland, pour participer à une assemblée publique sur les politiques sur les drogues, lorsque la Caravane s’y arrêtera, les 8 et 9 septembre.

    Nous espérons que vous songerez à la façon dont les Canadiens peuvent participer et soutenir les efforts pour faire cesser la violence au Mexique. Nous avons hâte d’entendre vos pensées et idées au cours des prochains mois.

  • Une caravane pour la paix avec dignité et justice

    Une caravane pour la paix avec dignité et justice

    60 000 tués, 10 000 disparus, 160 000 déplacés.

    Voilà la tragédie qui a cours et qui affecte les Mexicains depuis les quelques années où Felipe Calderón a déclaré la « guerre aux cartels », en décembre 2006.

    Javier Sicilia, le célèbre poète mexicain, a cessé d’écrire de la poésie après que son fils est tombé sous les balles, à Cuernavaca, en mars 2011. Le jour de la mort de son fils, il a écrit un dernier verset avant de déposer sa plume. « Le monde ne mérite pas les mots, ils ont été étouffés de l’intérieur, tout comme ils t’ont étouffé. »

    Depuis, il s’est emparé des rues du Mexique, avec des centaines de milliers d’autres citoyens, dans un plaidoyer dramatique adressé aux cartels de la drogue et au gouvernement, les priant de cesser la violence qui déchire leur pays. Sicilia, comme on l’appelle au Mexique, a mené deux Caravanes pour la paix – l’une de Cuernavaca à Mexico et l’autre dans le nord du Mexique, où la violence dépasse l’entendement.

    Le 12 août, Sicilia a mené près d’une centaine de victimes de la guerre aux drogues du Mexique au-delà de la frontière, de Tijuana à San Diego, pour entamer une Caravane pour la paix d’un mois dans le sud et le nord-est des États-Unis. Le message principal de la Caravane pour la paix est que la guerre aux drogues continue de dévaster son pays et qu’elle est le résultat des politiques sur les drogues adoptées aux É.-U., au Canada et au Mexique. La CCPD se joindra à la Caravane pour la paix à Baltimore, Maryland, le 9 septembre, où elle s’arrêtera pour tenir une assemblée publique au sujet des politiques sur les drogues, lors de laquelle on examinera à quel point les trois pays ont à gagner d’envisager des solutions de rechange à l’échec de la guerre aux drogues.

    Suivez notre blog lors des prochaines semaines pour en savoir plus sur la Caravan for Peace, Javier Scilia et la relation du Canada à la Guerre contre la drogue du Mexique.

  • SIDA 2012 Rapport du directeur

    SIDA 2012 Rapport du directeur

    La poussière est retombée sur la plus récente Conférence internationale sur le sida qui s’est déroulée du 22 au 27 juillet, à Washington DC. La Coalition canadienne des politiques sur les drogues y était sur le terrain, prenant part à de nombreuses séances et activités de cette assemblée qui a lieu tous les deux ans. Le fait qu’elle se tienne à Washington, point zéro de la guerre aux drogues, est ce qui a rendu la conférence de cette année si spéciale et pourtant, si décevante à la fois.

     

    Ces dernières années, des spécialistes mondiaux, scientifiques, médecins et activistes du VIH/sida ont fait valoir un argument disant que les politiques mondiales sur les drogues, directement responsables du tiers des nouvelles infections à VIH dans le monde, doivent être révisées si l’on veut que les initiatives visant à freiner ou enrayer l’épidémie soient fructueuses. Les nouvelles initiatives comme la Déclaration de Vienne, des organisations comme International Doctors for Healthy Drug Policies, et l’International Centre for Science in Drug Policy attestent des préoccupations au sujet des dommages que causent les politiques sur les drogues mondiales sur toute la planète.

    Le plus décevant de la conférence fut qu’elle n’était pas axée sur les politiques sur les drogues et leur contribution à l’épidémie mondiale.

    Dans le programme officiel, presque rien ne reconnaissait que la criminalisation des drogues et de ceux qui les utilisent est un facteur clé du risque accru de transmission du VIH. Absolument aucune mention n’a été faite de cette question dans une des cérémonies inaugurales de la conférence. Par ailleurs, au Village planétaire (endroit organisé par la communauté parallèle à la conférence mais hors de l’événement principal), il y avait nombre d’activités, d’actions, de discussions, et de groupes d’experts qui soulignaient l’importance de trouver des solutions de rechange aux politiques sur les drogues qui parviennent mieux à protéger la santé publique, à réduire les stigmates et à respecter les droits de la personne de ceux qui utilisent des drogues.

    La ministre fédérale de la Santé au Canada, Leona Aglukkaq, a été froidement accueillie par de nombreux Canadiens de l’assistance en raison de l’absence de soutien de la réduction des méfaits du gouvernement fédéral, des compressions budgétaires imposées aux organismes du VIH/sida et du refus d’indemniser les soins de santé des demandeurs du statut de réfugié. Vous pouvez voir la vidéo à l’adresse http://www.aidsactionnow.org/.

    La CCPD a créé un blogue en direct pour SIDA 2012 afin de suivre les questions soulevées à la conférence. Allez voir les reportages, vidéos et commentaires sur la relation entre les politiques sur les drogues et le VIH/sida.

    Stephen Lewis en anglais
    Stephen Lewis en anglais

    Nous avons aussi livré un journal qui s’est envolé des tablettes au kiosque de la CCPD du Village planétaire. Merci à la merveilleuse équipe de design qui nous a aidés à le créer. Ce fut un franc succès!

    Regardez Stephen Lewis parler des politiques sur les drogues et du VIH ici sur notre blogue en direct.

    (en anglais)

  • Rapport du directeur

    Rapport du directeur

    Les trois derniers mois ont foisonné d’activités comme nous établissons davantage notre présence comme CCPD et formons des liens avec des organisations et des personnes du pays et du monde entier. Il se produit véritablement quelque chose de grand, et un élan se dirige vers de nouvelles approches innovatrices pour aborder les problèmes de drogues.

    En février, j’ai été invité à prendre la parole à un congrès international, à Mexico,Drogas : Un balance a un siglo de su prohibición, organisé par le groupe de prévention du crime Mexico Unido Contra la Delincuencia. Le forum a effectué un examen exhaustif des solutions de rechange possibles aux conséquences désastreuses de la guerre aux drogues du gouvernement mexicain. Des conférenciers sont venus du monde entier pour faire part de leurs innovations, de leurs changements législatifs et de leurs pratiques qui ont donné aux politiques des drogues une approche de santé publique et les ont éloignées du modèle de justice pénale raté.

    Intégration de l’injection supervisée dans les services de santé et la communauté : un échange de connaissances national

    En avril, la CCPD a organisé un forum sur les services d’injection supervisée en partenariat avec le centre du Dr Peter de Vancouver et Cactus Montréal, à titre de réunion connexe du congrès de l’Association canadienne de recherche sur le VIH, à Montréal. Le congrès avait lieu à la magnifique Bibliothèque et Archives nationales du Québec. C’était une occasion pour les organisations de partager leurs expériences et de vérifier l’état actuel des discussions dans leurs localités. La CCPD travaille avec un certain nombre d’organisations à faire avancer ces discussions tandis que différentes localités cherchent à mettre en œuvre ces services.

    Rencontre de la stratégie nord-américaine sur les drogues – San Francisco, 12 et 13 avril

    Dans le cadre du travail international de la CCPD, nous avons été l’hôte d’une rencontre conjointement avec la Drug Policy Alliance des États-Unis et CUPHID de Mexico afin d’explorer le développement d’un dialogue coordonné nord-américain à propos des politiques sur les drogues. La rencontre de San Francisco a été la première séance préliminaire dans le but de vérifier comment nous pouvons collaborer à proposer des solutions de rechange aux politiques sur les drogues actuelles en Amérique du Nord. Tentant de raffermir ses liens sur le continent, la CCPD recherche présentement des alliés canadiens intéressés à soutenir ses travaux au Mexique.

    Visite dans les Maritimes

    Conformément à notre projet de constituer une coalition nationale, j’ai visité le Canada atlantique en mai. J’ai assisté à des activités et des rencontres à Halifax, à Saint-Jean Nouveau-Brunswick et à Charlottetown. Le Réseau atlantique de recherche sur la réduction des méfaits a invité la CCPD à prendre part à sa séance publique – Les gens et les politiques : comment les politiques sur les drogues influencent-elles la santé de nos communautés? En outre, une séance d’un jour avec des prestataires de services et des chercheurs examinait aussi comment mieux intégrer les services de réduction des méfaits dans le contexte des refuges et des salles d’urgence.

    À Saint-Jean NB, AIDS Saint John, l’institut des études urbaines et communautaires de l’Université du Nouveau-Brunswick et la CCPD ont co-organisé une activité, Les drogues et la ville, qui présentait une discussion d’experts en politiques sur les drogues avec Tim Christie, directeur de l’éthique, région sanitaire de Saint-Jean et Bill Reid, chef du service de police de Saint-Jean.

    À Charlottetown, j’ai rencontré des parents inquiets de l’absence de traitements pour les jeunes dans l’île, qui sont intéressés à organiser un « mouvement des toxicomanies » provincial afin de stimuler la discussion, de partager des expériences et de faire participer le gouvernement provincial au dialogue sur l’amélioration des services pour les personnes aux prises avec des problèmes de drogue.

    Stratégie municipale sur les drogues de Thunder Bay

    Le 24 mai, Canadian Students for Sensible Drug Policy et la stratégie sur les drogues de Thunder Bay ont organisé l’activité Pot, Pills and Parties, qui portait sur l’effet du projet de loi C-10 sur les jeunes gens et comprenait une présentation de la CCPD :Changer le cadre : une nouvelle approche des politiques sur les drogues au Canada.

    En joignant les gens à travers le pays, la CCPD trouve de nouvelles façons innovatrices de consolider et de constituer sa coalition afin d’améliorer l’approche du Canada relativement aux problèmes des drogues. Nous continuerons de mobiliser les Canadiens et de travailler à cette fin à l’échelle internationale.


    Photo Credits:
    Mexico – Steve Rolles
    Montréal – Caroline Mousseau
    San Fransisco – CC Flickr evoo73
    Halifax – Wooden Shoe Photography

  • Health authority releases new cannabis harm reduction resource

    Health authority releases new cannabis harm reduction resource

    Last week, Vancouver Coastal Health and the University of Victoria’s Centre for Addictions Research of BC published a valuable resource for individuals who use cannabis recreationally. 

    Take Care with Cannabis is a user friendly, concise, accessible one-page information source that outlines the potential risks of smoking and ingesting cannabis. Intended to protect the well being of individuals, Take Care with Cannabis provides insight into the impact of using the plant on a smoker’s lungs, cognitive abilities, and brain development during adolescence and early adulthood.  It discusses how to stay safe when using cannabis and how to avoid toxic effects.

    Take Care with Cannabis
    Take Care with Cannabis

    John Carsley, Medical Health Officer for co-author Vancouver Coastal Health said,

    “It’s our responsibility as health care professionals to ensure that anyone who chooses to use cannabis has clear information about how they can take better care when using.

    While cannabis is illegal in Canada, the reality is that a significant portion of the population uses it. And when they use it, it’s our desire to see them be as safe as possible.”

    ‘Harm reduction’ refers to policies, programs and practices that aim to reduce the negative health, social and economic consequences of using legal and illegal psychoactive drugs, without necessarily reducing drug use. Raising awareness about the realities and benefits of harm reduction for individuals, families and communities is core to the work of the CDPC.

    We know that the more informed people are, the more support there will be within communities for a comprehensive approach to reducing the harm from drug use.

    We hope you will join us to get the word out and help scale up harm reduction in communities across Canada.