J’ai rencontré Javier Sicilia au musée d’anthropologie de Mexico, en février dernier, alors que j’étais à un congrès à propos des politiques sur les drogues organisé par Mexico Unido Contra la Delincuencia, un groupe de la société civile qui travaille à des stratégies de prévention du crime. Gillian Maxwell, membre de notre comité exécutif, et moi-même y sommes allés pour partager notre expérience de travail sur les enjeux des politiques sur les drogues à Vancouver, pour mieux comprendre la situation au Mexique et pour établir des liens avec les ONG mexicains et les groupes d’entreprises. Nous étions aussi enthousiastes à l’idée de rencontrer Javier Sicilia qui travaillait avec des collègues du Mexique et des États-Unis à un nouveau projet ambitieux.
Sicilia est un poète, écrivain et journaliste reconnu qui a été propulsé sous les projecteurs lorsque son fils a été brutalement abattu à Cuernavaca, après avoir été pris dans le feu croiséentre des gangs liés aux drogues. Par cette tragédie, il est devenu l’une des dizaines de milliers d’innocentes victimes de la guerre aux drogues qui fait rage dans ce magnifique pays. J’avais entendu dire que Sicilia avait cessé d’écrire de la poésie et qu’il était descendu dans les rues, initiant de vastes manifestations dans lesquelles cent mille citoyens ont marché de Cuernavaca à Mexico, réclamant que cesse la violence liée aux drogues qui a ébranlé les fondements de la société mexicaine.
J’ai aperçu Sicilia dans le hall du musée, et je me suis approché derrière lui, en disant son nom comme il se dirigeait vers l’auditorium du musée. Comme je ne parle pas du tout espagnol et que je savais qu’il ne parlait pas anglais, j’ignorais comment commencerait notre rencontre, si je parvenais à attirer son attention. Finalement, il m’a entendu l’appeler, s’est retourné, a tendu les bras et m’a encerclé de ses deux bras, et m’a accueilli dans son espace. Un accueil aussi enthousiaste offert à un pur étranger m’a surpris, mais au cours des heures qui ont suivi, j’ai vu que Sicilia était une personne intense, engagée qui accueillait bien des gens.
Notre conversation était limitée mais nous avions une bonne connexion et avons convenu d’une autre rencontre avec ses organisateurs. Nous voulions leur parler de l’assemblée qu’organisait la Coalition canadienne des politiques sur les drogues avec les groupes américains et mexicains pour élaborer l’idée d’une coalition nord-américaine. La coalition collaborerait à faire ressortir les effets négatifs que nos politiques actuelles sur les drogues ont sur le Canada, les É.-U. et le Mexique, en mettant l’accent sur la façon dont la criminalisation de l’usage de drogues a créé un marché clandestin très puissant et violent dans ces trois pays.
Sicilia était intéressé au concept d’une stratégie nord-américaine pour mettre fin à la violence au Mexique et il travaillait déjà à organiser un projet mexicain-américain, la Caravane pour la paix avec dignité et justice, qui s’apprêtait à traverser les États-Unis avec une centaine de victimes de la guerre aux drogues mexicaine.
L’objectif principal de la Caravane est d’amener dans les rues et communautés des É.-U. la réalité à laquelle font face les Mexicains – la perte de vies, la destruction des communautés, la culture de la peur qui s’infiltre dans tant de localités, et la violence sans relâche qui sévit chaque jour.
Dans les mois à venir, la CCPD va explorer les liens entre le Canada, les É.-U. et le Mexique, et de quelle manière ce qu’on appelle nos problèmes de drogue sont inter-reliés. Nous soutiendrons la Caravane pour la paix avec dignité et justice au moyen de notre blogue, des canaux des médias sociaux, et en nous rendant à Baltimore, Maryland, pour participer à une assemblée publique sur les politiques sur les drogues, lorsque la Caravane s’y arrêtera, les 8 et 9 septembre.
Nous espérons que vous songerez à la façon dont les Canadiens peuvent participer et soutenir les efforts pour faire cesser la violence au Mexique. Nous avons hâte d’entendre vos pensées et idées au cours des prochains mois.