Les lois et politiques punitives sur les drogues, conçues pour décourager la consommation de la drogue, ont échoué. Pire, elles ont entraîné des dommages catastrophiques. Elles ont contribué à renforcer une stigmatisation meurtrière, des épidémies de maladies et de décès évitables, la pauvreté, le problème des sans-abris et des violations répandues, systématiques et extrêmes des droits de la personne. Nous reconnaissons la perte et la ruine de nombreuses vies à cause de la « guerre contre la drogue, » sanctionnée par les gouvernements, et nous devons agir pour mettre fin aux dommages. La dépénalisation de la possession personnelle de drogue et du trafic de drogues de nécessité est un pas fondamental et nécessaire vers une politique plus raisonnable et plus juste en matière de drogues, contrairement à nos politiques antidrogues actuelles. C’est une mesure qui aurait dû être prise depuis longtemps. [Lire la suite…]
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La décriminalisation des drogues bénéficie d’un soutien accru de la population. Plus tôt cette année, un sondage national a révélé que près de 60 % des personnes répondantes, ainsi qu’une majorité dans chaque province, étaient en faveur de la suppression des sanctions pénales applicables à la possession de drogue pour usage personnel. L’année dernière, près de 200 organisations à l’échelle du Canada ont appuyé un appel lancé à des ministres clés du gouvernement fédéral pour que soit immédiatement décriminalisée la possession simple de drogue.
Au cours de ce nouveau mandat, nous vous demandons de prioriser une politique sur les drogues fondée sur les données probantes et d’inclure la réforme de la politique sur les drogues dans les mandats que vous confierez à votre nouveau cabinet
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supervised consumption service lawsuit in Alberta supervised consumption service lawsuit in Alberta
The Government of Alberta is threatening the health and safety of people who use drugs by rolling back reforms introduced by the federal Liberals in 2017 and imposing additional barriers to accessing supervised consumption services. The Liberal reforms in 2017 made it easier to set up harm reduction services in the province. The Government of Alberta has now introduced onerous requirements to service providers and service users that will make it more difficult to access and provide life-saving care.
These requirements include the following:
Providing a name and personal identifying information to access service
Good Neighbourhood agreements that far exceed current consultation requirements that make it virtually impossible to open any new harm reduction sites or renew existing ones
Standards for staff qualification and training that will exclude many people with lived and living experience
Onerous reporting requirements that are impossible for grassroots organizations, often operating out of a tent, to operate
High fines for non-compliance that will bankrupt small agencies
In response, Moms Stop the Harm and the Lethbridge Overdose Prevention Society (LOPS) have commenced legal action against the Government of Alberta to ensure that no additional barriers to access and provision of life-saving supervised consumption services are introduced.
“We know that our children would not have died had their overdoses taken place at a consumption site. This option was not available to them at the time. We also know how stigma and shame made them hide their use. We strongly oppose the new provincial guidelines as they will create barriers that will keep people from life-saving services. We know how hard it is to grieve someone you love and every overdose reversed is a family that does not need to arrange a funeral. This is why we launched this lawsuit together with LOPS—to save lives and to give people hope for the future.”
Both organizations argue that these changes—introduced in “Guidelines” by the Government of Alberta—conflict with the federal government’s goal of improving access to harm reduction services in 2017. They also allege that the Guidelines breach sections 2(a), 2(b), 7, 8, 12, and 15 of the Charter of Rights and Freedoms.
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Decriminalization Done Right Decriminalization Done Right
SIGN ON LETTER: As organizations and individuals committed to the liberation of people who use drugs, and progressive, rights-based drug policy reforms including decriminalization, we, the undersigned, call on the City of Vancouver to address three major concerns regarding its current application to the federal Health Minister to decriminalize simple drug possession locally. We also call on Health Canada and the federal Health Minister, Patty Hajdu, to refrain from imposing unnecessary and unjustified restrictions on any exemption issued to enable decriminalization in Vancouver or other municipalities or provinces that may follow suit, and we call on the Vancouver Police Department to stand down, vacate the process of decriminalization, and sign off on community-established thresholds [Read more]
#DecrimDoneRight involves co-development with people who use drugs.
Contact us to add your organization’s name to the letter
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Signed,
AIDS Network Kootenay Outeach and Support Society Amnesty International Canada Association des intervenants en dépendance du Québec (AIDQ) AVI Health and Community Services BC Association of Aboriginal Friendship Centres BC Civil Liberties Association Brockville’s Overdose Outreach Team Canadian Association of People Who Use Drugs (CAPUD) Canadian Drug Policy Coalition Canadian Students for Sensible Drug Policy (National) Canadian Students for Sensible Drug Policy Vancouver Canadian Psychedelic Association Centre on Drug Policy Evaluation Community-Based Research Centre Each+Every East Kootenay Network of People who Use Drugs Harm Reduction Nurses Association HIV Legal Network Moms Stop the Harm Pivot Legal Society South Riverdale Community Health Centre (Toronto) Thunderbird Partnership Foundation
Nous vous écrivons aujourd’hui pour vous exhorter à développer un « modèle de Vancouver » pour la décriminalisation qui soit suffisamment large et qui réponde aux aspirations et aux besoins des personnes qui consomment des drogues. Principalement, une exemption doit s’appliquer à toutes les substances inscrites aux annexes de la LRCDAS, à toutes les quantités de substances dont la possession est destinée à un usage personnel (quelle que soit la quantité possédée) et à tous les cas de transfert de drogues (p. ex., division, partage, vente) en quantités inférieures aux limites spécifiées, et ne doit pas inclure d’autres restrictions ou conditions inutiles (administratives ou autres) qui compromettraient les bienfaits de la décriminalisation.
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« C’est avec urgence que nous vous écrivons au sujet du projet de loi 22 – 2020 : la modification de la loi sur la santé mentale, introduite à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique la semaine dernière, et dont la deuxième lecture est prévue pour le 6 juillet 2020. Étant donné que nous sommes des organisations basées en C.-B. qui ont pour mission de promouvoir une politique des drogues fondée sur des preuves et de mettre fin aux méfaits de la prohibition des drogues, l’association Pivot Legal Society et la Coalition canadienne des politiques sur les drogues (CCPD) vous prient de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour arrêter l’adoption du projet de loi 22.
Le projet de loi 22 nuit à la santé publique, à la sécurité et aux droits des jeunes qui consomment des drogues. Il réduit les progrès réalisés par la Colombie-Britannique dans sa réponse à la crise persistante des opioïdes. En particulier, les risques sanitaires plus élevés liés à la COVID-19 ont aggravé les conséquences de la contamination de l’approvisionnement en drogues. Comme le coroner en chef de la C.-B. l’a déjà signalé, “les modifications législatives [du projet de loi 22] pourraient avoir de graves conséquences imprévues, notamment une augmentation des décès”. Pivot et la CCPD confirment cette mise en garde et présentent des données supplémentaires sur les effets néfastes sur la santé que le projet de loi 22 entraînerait, s’il était adopté… » [Lire la suite]
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Cette dernière semaine, l’histoire sombre du passé colonial du Canada a été crûment exposée : 215 corps d’enfants ont été découverts sur le terrain d’un ancien pensionnat à Kamloops, en Colombie-Britannique, sur le territoire des peuples Tk’emlúps te Secwépemc. Ces atrocités ont même retenu l’attention de médias internationaux et les drapeaux d’édifices gouvernementaux ont été mis en berne pour marquer la tragique découverte.
Nous faisons une pause dans notre travail pour les politiques canadiennes sur les drogues afin de nous rappeler une fois de plus que nos politiques actuelles en la matière ont des racines coloniales et racistes et que notre travail à venir nécessite que nous nous tenions aux côtés des peuples autochtones et que nous les soutenions, afin de travailler ensemble à créer des politiques qui mettent fin à la discrimination, à l’oppression et aux autres conséquences dévastatrices que vivent tant de personnes autochtones.
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La découverte de ces tombes non marquées montre clairement ce que les Canadien-nes doivent reconnaître : le Canada a été fondé sur la base de systèmes coloniaux et racistes, il fonctionne encore ainsi et cela continue de causer des préjudices considérables aux communautés autochtones. Ne vous y trompez pas, il s’agit d’un génocide. Voici ce que le grand chef Stewart Philips, de l’Union des chefs autochtones de la Colombie-Britannique, a déclaré aux médias :
« Voici la réalité du génocide que l’État colonial a infligé, et continue d’infliger, aux peuples autochtones. Aujourd’hui, nous rendons hommage à la vie de ces enfants et nous prions pour qu’eux, elles et leurs familles puissent enfin trouver la paix. »
Le souvenir de cette horreur et l’engagement en faveur de la réconciliation ne doivent pas s’estomper avec le temps. Les gouvernements doivent s’engager pleinement à l’égard de la justice et de l’autodétermination des communautés autochtones.
En tant que coalition engagée à transformer les politiques canadiennes sur les drogues afin qu’elles soutiennent et habilitent les peuples autochtones, nous nous engageons à travailler avec les organismes autochtones pour démanteler un cadre de politiques sur les drogues qui a fait tant de ravages.
En ce moment, nous vous encourageons à vous rapprocher des organismes autochtones qui œuvrent à la transformation et qui soutiennent les survivant-es des pensionnats; et vous demandons d’envisager de faire un don à l’Indian Residential School Survivor Society, un organisme qui offre du soutien à ces survivant-es depuis plus de 20 ans, en Colombie-Britannique.
Memorial outside BC Legislature; Victoria; 2021
En plus d’exprimer notre soutien et notre indignation dans les médias sociaux, nous pouvons écrire à nos député-es au fédéral et montrer notre engagement en appuyant les organismes dirigés par des Autochtones qui sont les mieux placés pour apporter la guérison en cette période traumatisante.
Veillons à ce que ceci ne soit pas qu’un flash éphémère qui s’estompe avec la prochaine « grosse nouvelle », et engageons-nous encore davantage à avoir des conversations difficiles avec nos ami-es et nos familles sur ce que signifie une véritable recherche de réconciliation. Le silence et l’apathie doivent cesser dès maintenant, alors que nous nous dirigeons vers la justice et la réconciliation avec les communautés autochtones du Canada.
overdoses in ontario during covid overdoses in ontario during covid
“High rates of opioid-related deaths across Canada have been a significant and longstanding national public health issue.1 In 2019, there were almost 4,000 opioid-related deaths across the country, of which over 94% were accidental.2 The COVID-19 pandemic emerged in the midst of this ongoing epidemic of opioid-related deaths, and resulted in the declaration of a state of emergency in Ontario on March 17, 2020.3 Within Ontario, the pandemic response has consisted of waves of public health restrictions of varying severity to help mitigate the spread of COVID-19. “
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Le 1er janvier 2021, j’ai embarqué sur mon vélo et roulé de Saskatoon à Vancouver pour réaliser un projet de sensibilisation à la crise de l’empoisonnement aux opioïdes, à la réforme des politiques en matière de drogues et à la santé mentale, un projet appelé « Cycle To Stop The Harm ». J’ai également recueilli des fonds pour les organisations « Moms Stop The Harm » et la Coalition canadienne des politiques sur les drogues, deux groupes extraordinaires qui travaillent à la réforme des politiques sur les drogues, à la sensibilisation et à l’éducation. Déterminé, je me suis lancé avec un objectif de collecte de fonds de 20 000 $ et avec un vélo rempli de tout ce dont j’avais besoin pour survivre en faisant du camping d’hiver et du vélo à partir des prairies canadiennes, en passant par les montagnes, jusqu’à la côte ouest. Après 29 jours et environ 1 670 kilomètres, j’ai réussi à arriver à Vancouver avec tous mes orteils et tous mes doigts, le 29 janvier 2021, ainsi qu’un total de 25 450 $ de fonds recueillis. Avant tout, cela a permis de donner une voix à des dizaines de milliers de personnes qui sont autrement ignorées, et de sensibiliser à l’épidémie d’opioïdes actuelle.
Iliajah Pidskalny; Saskatchewan; 2021
Au cours de ce mois-là, j’ai reçu de nombreuses questions : pourquoi le vélo ? Pourquoi l’hiver ? Pourquoi pendant une pandémie ? Mais qu’est-ce que tu as mangé ? Pourquoi du beurre d’arachide ? Qu’est-ce qui t’a motivé lorsque c’était vraiment difficile ? Comment t’es-tu entraîné pour cela ? Que feras-tu après ? As-tu un intérêt personnel pour ce problème ? Et enfin, la question la plus fréquente et la plus importante : de quels dommages parles-tu ?
La réponse simple à ce dernier point concerne les dommages causés par nos politiques actuelles en matière de drogues, qui reposent sur un modèle qui a échoué depuis des décennies. La « guerre contre la drogue » est un terme utile, car il souligne l’agressivité de notre approche actuelle qui, comme la guerre, coûte beaucoup d’argent et de nombreuses vies. Après des décennies de ratage, un tel modèle est en contradiction avec les preuves, la logique et les droits de la personne. La crise des opioïdes est un exemple concret des dommages causés par la guerre contre la drogue. Cette crise représente une grave épidémie qui coûte la vie à des milliers de personnes.As-tu un
Intérêt personnel pour ce problème ?
Non, je n’ai pas de liens personnels avec une surdose ni avec l’empoisonnement par le fentanyl. Toutefois, je suis humain, et j’ai donc un lien personnel avec les autres humains. Je trouve que cette « guerre contre la drogue » est pitoyable et dévastatrice, et que les politiques dans ce domaine sont illogiques et injustes. Ces politiques ont été justifiées par un manque d’éducation sur les drogues, sur la consommation de drogues et sur la santé mentale, ce qui a créé une culture marquée par la stigmatisation et une marginalisation tolérée. Le Canada devrait prendre ce problème plus au sérieux avant que chaque Canadien ne perde un être cher à cause d’un empoisonnement par le fentanyl ou d’une surdose. Ce n’est pas « nous contre eux ». En adoptant une approche des politiques sur les drogues qui est plus empathique et qui respecte les droits de la personne, on mettra non seulement en lumière les inégalités systémiques, qu’elles soient socio-économiques, culturelles, raciales ou sexuelles, mais on pourra aussi mieux comprendre la santé mentale.
Donc, quand on me demande, « de quels dommages parles-tu ? »
Je parlais en fait des dommages causés par nos propres pensées. Que nous ayons perdu un proche ou que nous soyons prédisposés génétiquement à la dépression, notre esprit est à l’origine de tant de souffrances. « Cycle To Stop The Harm » était axé sur la santé mentale. Une réforme de la politique en matière de drogues est le meilleur moyen de renforcer la recherche, la compréhension et la compassion concernant la santé mentale et de réduire la stigmatisation (ainsi que de sauver la vie de dizaines de milliers de personnes). Nous sommes tous à risque de souffrir de troubles psychologiques, qu’il s’agisse de dépression, de sentiment de solitude, d’anxiété, de dépendance, d’avidité, de haine ou de jalousie. Ce sont les raisons principales pour lesquelles je me suis lancé dans la campagne « Cycle To Stop The Harm ». C’est pourquoi j’étais si motivé pour attirer l’attention sur ce problème, même si je risquais de souffrir d’hypothermie et d’engelures pendant 29 jours. Je pédalais pour tous les garçons et toutes les filles qui ont été empoisonnés par le fentanyl et pour toutes les mères et tous les pères qui souffrent maintenant de leurs pertes. Je roulais pour les communautés les plus pauvres du Canada, du Ghana, du Mexique et de tous les autres pays. Je pédalais pour les riches et les pauvres, les religieux et les athées, les jeunes et les vieux. Chaque jour sur cette bicyclette, je roulais pour chaque être humain.
Pourquoi le vélo?
Je savais que je pourrais faire du vélo et faire du camping en hiver. Je savais qu’un voyage fou comme celui-ci attirerait de l’attention. Je savais que je pourrais donner une voix à tant de personnes qui n’ont ni la possibilité ni les ressources pour s’exprimer (ou pour être entendues).
Highway in Saskatchewan; 2021 / Autoroute en Saskatchewan ; 2021
Pourquoi en hiver?
J’ai eu l’idée mi-décembre et je ne voulais pas attendre. On m’a dit que j’étais impatient, mais je dirais que je suis plutôt passionné. Je savais aussi que cette initiative gagnerait beaucoup plus d’attention en hiver qu’en été. De plus, voyager à vélo et faire du camping en hiver mettent en lumière certaines difficultés rencontrées par les Canadiens sans-abri. Ayant été témoin de l’itinérance lors d’un autre voyage hivernal à vélo de six semaines dans l’est du Canada (du 23 octobre au 3 décembre 2020), je voulais inciter les gens à réfléchir aux défis liés à l’itinérance. Je me suis souvent demandé pourquoi on me trouvait aventureux ou courageux, tandis qu’on disait rarement une chose pareille (ou rien du tout) aux personnes qui vivent dans la rue. C’est dur de vivre dehors en hiver, même si on est bien équipé et que c’est volontaire. Je ne peux pas imaginer comment c’est difficile de le faire involontairement et de devoir faire face à d’autres obstacles tels qu’une maladie mentale grave ou la stigmatisation.
Pourquoi pendant une pandémie?
Le monde entier se trouve aux prises avec une pandémie sans précédent, et pourtant, les problèmes de logement, de dépendance, de dépression, de suicide et d’autres troubles de la santé mentale et inégalités sociales ne cessent jamais. Au contraire, les surdoses et les suicides ont même augmenté dans de nombreuses communautés pendant ce temps. Je n’allais pas attendre que la pandémie soit « terminée » pour agir face à ces problèmes. J’ai suivi tous les protocoles sanitaires et accepté les défis particuliers que cela impliquait, comme vivre pendant deux semaines dans une tente, après de longues journées à vélo, jusqu’à ce que l’on puisse m’accueillir dans une maison. Cela m’a permis d’avoir accès à deux maisons chaleureuses au cours du mois de janvier, mais pas assez de douches…
Quant au voyage même, je vais essayer de décrire en quelques mots les difficultés rencontrées.
Grâce à mon bon équipement, je n’ai jamais eu froid pendant la nuit. Par contre, chaque matin, il a fallu que je sorte de mon sac de couchage bien chaud pour mettre des chaussettes, des bottes et des mitaines qui étaient gelées. Au cours de la nuit, mon souffle se transformait en neige sur les murs intérieurs de ma tente. Ainsi, si je bougeais brusquement, la neige tombait dans ma tente. J’avais des chaussettes sèches en réserve, mais mes bottes étaient mouillées (gelées), alors je les ai gardées en cas d’urgence (ce qui n’est jamais arrivé, heureusement). Jour après jour, tout devenait de plus en plus mouillé et gelé.
Camping along Cycle to Stop Harm Route; 2021 / Faire du camping le long de la route de « Cycle to Stop the Harm » ; 2021
Une fois que j’avais mis mes chaussettes et mes mitaines gelées, je rangeais le camp dans l’obscurité afin de pouvoir pédaler à l’aube. Comme la lumière du jour était limitée (surtout au début), je pédalais de l’aube au crépuscule. Il m’a fallu beaucoup de temps et d’énergie pour préparer et ranger chaque jour un camp d’hiver efficace. Afin que cela vaille la peine, il me fallait faire au moins 80 km de vélo par jour. Cette distance n’était pas facile à parcourir contre les vents contraires qui soufflent dans les prairies (toujours 50 km/h et parfois jusqu’à 90 km/h en rafales), mais j’ai pu parcourir une moyenne de 120 km par jour lorsque j’étais dans les montagnes.
Une fois le camp rangé et le vélo prêt à partir, l’une des parties les plus difficiles était d’enlever des couches de vêtements avant de pédaler. Ça a toujours été dur. Je chantais et parlais comme un fou et cela semblait m’aider. Ensuite, il ne restait qu’à pédaler jusqu’à ce que mon corps produise assez de chaleur pour que mes frissons cessent. Mais, avant ces moments-là, le froid glacial semblait épuiser mon énergie physique et mentale… jour après jour. Une fois complètement réchauffé, j’ai pédalé avec seulement une chemise à manches longues, des leggings en polyester et un maillot de bain. Puis, la prochaine partie la plus difficile : m’arrêter pour faire une pause. Si je m’arrêtais, j’avais très froid, je frissonnais et je claquais des dents en quelques minutes (ou parfois quelques secondes). Être au beau milieu de nulle part au Canada avec de tels frissons conduit rapidement à l’hypothermie. Ma seule source de chaleur était celle de mon corps en faisant de l’exercice. Je m’arrêtais donc rarement et seulement quelques instants. Une petite gorgée d’eau (qui devait être gardée dans un thermos) et une petite bouchée d’autant de calories que possible avant de reprendre le vélo. J’ai remarqué que faire du vélo avec la bouche pleine de nourriture en essayant de ne pas s’étouffer et en portant un masque en même temps était une façon de se réchauffer rapidement après une pause.
Qu’est-ce que je mangeais?
Chaque matin et chaque soir, je mangeais des nouilles de riz avec du beurre d’arachide. Pour me soutenir le reste de la journée, je préparais des barres énergétiques à base de dattes, de chocolat, de beurre d’arachide et de tortillas. Après avoir pédalé toute la journée, j’avais toujours un gros coup de froid lorsque j’arrêtais enfin de pédaler pour la nuit. Pour éviter cela, je montais le camp aussi vite que possible (ce qui a toujours très bien marché). Ensuite, je préparais mes nouilles de riz pour le souper, souvent avec du jus de légumes ou des tomates en conserve et, évidemment, du beurre d’arachide. J’ai mangé d’autres choses sur ma route, notamment des bonbons en Saskatchewan et des croustilles en Alberta. Mais une fois que j’ai appris que la combinaison de dattes, de chocolat, de beurre d’arachide et de tortillas me faisait sentir invincible, je n’ai jamais voulu autre chose. Et ce fut ainsi, pendant 29 jours.
Eating a meal during Cycle to Stop the Harm; 2021 / Prendre un repas pendant le « Cycle to Stop the Harm » ; 2021
Pourquoi le beurre d’arachide?
Tous ceux qui avaient suivi mon voyage sur les réseaux sociaux ont remarqué que le beurre d’arachide était un thème constant. Bien qu’il ait été considéré comme une sorte de blague, ce produit constituait la majorité de mon apport calorique. Non seulement parce qu’il ne coûte pas cher, mais aussi parce que j’ai de sérieux problèmes de santé intestinale (SCI). Mes problèmes de santé m’ont presque amené à arrêter de voyager et de vivre ce genre d’aventure, mais j’ai décidé d’adapter mon mode de vie (régime alimentaire) de manière à pouvoir faire ce que j’aime le plus. Évidemment, il a fallu que je redécouvre ce qui me passionne le plus, mais ça, avec le beurre d’arachide, me permet d’aller de l’avant. (Je partage cela pour rappeler que je suis humain et qu’il ne faut pas exagérer les qualités de mon caractère.)
Qu’est-ce qui m’a motivé dans les moments les plus difficiles?
J’ai rencontré de nombreuses personnes tout au long de mon parcours et chacune avait une histoire, que ce soit la perte d’un ami empoisonné par le fentanyl ou sa propre histoire d’alcoolisme, de consommation d’héroïne ou d’achats compulsifs. Je me rappelais chaque jour pour quoi et pour qui je roulais : c’était pour la santé mentale de tous. Quand mes orteils étaient gelés ou que le vent soufflait en rafales à 90 km/h, je me disais : « Ce n’est pas que pour toi, Iliajah. C’est pour tout le monde ». Je regardais vers les montagnes et je me disais : « Sois patient comme les montagnes, fort comme le vent, et humble comme la poussière ».
Pendant ce mois, j’ai rarement pensé à ma destination. Je me concentrais plutôt sur un seul jour à la fois. Faire du vélo et du camping dans le froid exige beaucoup de concentration, et il y avait peu de temps ni pour célébrer ni pour me détendre. Chaque instant était très calculé, car je devais constamment faire face à la menace de l’hypothermie et des engelures. Cependant, lorsque j’ai quitté Manning Park un matin, à une température de -20 °C, et que je suis arrivé à Agassiz à une température de +8 °C l’après-midi même, je me sentais incroyablement soulagé. C’est à ce moment-là que j’ai su que j’avais réussi mon voyage et que j’arriverais en toute sécurité à Vancouver dans quelques jours. Lorsque je suis arrivé à ma destination officielle, la Jack Poole Plaza (flamme olympique) à Vancouver, tout ce que je ressentais était une fatigue indescriptible après mon voyage et une certaine joie à l’idée de ce qui m’attendait.
Iliajah Pidskalny; Vancouver; 2021
Comment me suis-je entraîné pour cela?
Au cours des six dernières années, je n’ai pas eu de voiture, ce qui a signifié de nombreux hivers et de nombreuses randonnées à vélo sur de longues distances. Mon premier voyage a été de Saskatoon à Vancouver (en été, à 18 ans, avec un copain), et j’ai découvert une passion pour le vélo de longue distance. Depuis ce temps, je suis allé faire de longs voyages en Indonésie, au Cambodge, en Espagne, et ailleurs au Canada. Je savais que mes jambes étaient prêtes pour « Cycle To Stop The Harm ». Toutefois, comme l’hiver est une autre affaire, je me suis concentré cette fois sur mon esprit. J’ai eu la chance d’avoir le temps, l’énergie et les ressources (livres, WiFi, contacts) qui m’ont aidé à découvrir et à pratiquer la méditation. Ce fut le point de départ de mes sentiments de compassion et d’empathie, les sentiments qui m’ont poussé à me lancer dans un voyage à vélo en plein hiver, pour personne de particulier, et pourtant pour chaque personne en particulier.
Et après?
Je suis allé sur l’île de Vancouver et j’ai continué à faire du vélo pour « Cycle To Stop The Harm ». Ayant terminé la collecte de fonds, j’ai décidé de me concentrer sur le dialogue et la réduction de la stigmatisation. Je croyais que ce serait un peu moins dur que mon expérience de ce dernier janvier, mais j’avais tort. J’ai connu un autre mois plein de mains et de pieds gelés, avec des frissons et des claquements de dents contre l’hypothermie. C’était beaucoup plus difficile à surmonter que le mois de janvier, car il n’y avait pas de point final. Moins de monde suivait mon trajet, et mes efforts dangereux semblaient donc inutiles. Enfin, j’ai parcouru à peu près 500 kilomètres de plus, de Nanaimo à Campbell River, puis vers le sud jusqu’à Victoria, et enfin de retour à Nanaimo. J’ai donc décidé de ralentir le projet « Cycle To Stop The Harm » et de prendre le temps de guérir et d’arrêter de faire souffrir mon corps meurtri. Pourtant, alors que les jours sont plus chauds et que le soleil brille plus longtemps, des idées bourgeonnent dans mon esprit. Un nouveau défi m’attend et il s’épanouira au bon moment.